04/02/2015

Les soignantes, gardiennes des cinq sens

Maladie, vieillesse, infirmité. Autant de maux qui peuvent priver les patients et résidents d'un ou plusieurs de leurs sens. Les Journées francophones des aides-soignantes, les 22 et 23 janvier à Paris, ont montré le rôle que peuvent jouer les professionnels de santé au quotidien.

« Quand vous rencontrez une personne sourde, vous avez des difficultés à la comprendre et à vous faire comprendre: vous êtes aussi handicapée qu'elle », souligne le Dr Alexis Karacostas, coordinateur de l'unité d'informations et de soins des sourds à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP). Un aménagement de la relation soignant-soigné est alors nécessaire, d'autant plus si la personne, devenue sourde, est « confrontée à une nouvelle organisation des sens » qui peut générer angoisse et dépression. « Les sourds misent beaucoup sur la vue. Tout détournement du regard est une interruption de la communication », prévient le spécialiste.

"Pensez à vous présenter"

La vue est un sens tout aussi essentiel à la communication. Face à une personne atteinte de dégénérescence maculaire liée à l'âge, d'une rétinopathie, ou dont la vision est floue, les soignantes doivent agir avec précaution. « Frappez à la porte. Pensez à vous présenter. Même si vous avez vu la personne 10 fois, elle ne va peut-être pas vous reconnaître, rappelle Marylise Le Jeanne, instructrice en locomotion à l'Institut national des jeunes aveugles, à Paris. Pensez à dire que vous partez, sinon cela peut être très vexant. » Autre conseil : ne jamais pousser quelqu'un. « On ne se sent pas en sécurité ; proposer plutôt votre bras ou votre coude », développe-t-elle. Les plateaux repas doivent aussi être organisés avec la personne, de façon à ce qu'elle retrouve « les mêmes choses au même endroit ».

L'effet sédatif du toucher

« Sens de proximité », le toucher permet également d'« entrer en relation » avec le soigné. « Tenir la main d'un patient est un bon baromètre pour apprécier son anxiété et a un effet sédatif, relève Nathalie Guerber, relaxologue-sophrologue. Prendre la main d'une personne triste témoigne d'une certaine empathie, lui procure une perception de partage de souffrance. »

Les troubles de l'odorat, ou dysosmie, toucheraient 39% des plus de 65 ans et 83% des patients atteints d'Alzheimer, selon une récente étude du CNRS. « On peut s'entraîner pour diminuer cette perte », indique Alexia Blondel. Intervenant auprès des patients et des soignants du pôle cancérologie du CHU de Poitiers, cette spécialiste des huiles essentielles met en avant leurs bienfaits : assainissement des chambres, stimulation des souvenirs, détente, lutte contre la nausée, etc.

Risques de dénutrition

Entraînant un risque majeur de dénutrition, les troubles du goût peuvent être provoqués par le vieillissement et Alzheimer, mais aussi par une mauvaise denture, certaines tumeurs cérébrales ou encore la chimiothérapie et la radiothérapie. « Les patients parlent souvent d'un goût métallique », rapporte Magali Pons, cadre diététicienne à l'Institut Gustave-Roussy (Villejuif). Outre les condiments, qui rehaussent le goût, les plats humides (bouillon, sauce) et quelques gouttes de citron dans l'eau permettent de lutter contre la sécheresse buccale. La diététicienne recommande par ailleurs de « cibler les aliments rappelant de bons souvenirs », ou encore de « jouer sur les autres sens, comme le croquant ».

Aveline Marques

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