Après une nouvelle agression d’IDE, la Coordination nationale infirmière (CNI) alerte sur la situation de la psychiatrie, tant pour les soignants que pour les patients. Elle réclame le rétablissement de la spécialité d’infirmière de psychiatrie et la création d’un plan national santé mentale.
Agressions répétées, insuffisante formation des infirmières, manque de médecins… Tels sont les maux dont souffre la santé mentale pour la CNI. En guise d’appel au secours, le collectif psychiatrie du syndicat a adressé hier, 9 février, un communiqué au ministère de la Santé, à la Direction générale de l’organisation des soins et à la presse. Il y pointe, entre autres, l’agression d’un IDE, le 28 janvier dernier, par un adolescent au centre hospitalier psychiatrique Le Vinatier, à Bron, près de Lyon.
Du "gardiennage"
Pour Éric Audouy, vice-président de la CNI, ces agressions ne sont pas isolées et n’arrivent pas « par hasard mais sont la conséquence d’une prise en charge inadéquate des patients et du manque de formation du personnel infirmier qui travaille en santé mentale. Quand la posture du soignant n’est pas bonne, le risque est que le patient passe à l’acte. »
La CNI estime qu’actuellement, malgré le tutorat, « les nouveaux soignants qui arrivent dans les unités de psychiatrie sont de moins en moins préparés à la prise en charge des patients atteints de troubles psychiatriques. Il en résulte un malaise important dans les équipes mais aussi, et surtout, au niveau des patients, qui ne se retrouvent plus dans cette prise en charge (...). De nombreux professionnels expriment se cantonner trop souvent à du simple "gardiennage", assorti d'une batterie de neuroleptiques ».
Création d'un master en psychiatrie
Selon la CNI, les solutions existent. Elles passent notamment par une formation spécifique des infirmières dans le cadre du cursus LMD, via la création d’un master en psychiatrie — rappelons que la spécialité d’infirmière de psychiatrie a disparu en 1992. « C’est notre cheval de bataille depuis plus de vingt ans et cette recommandation avait été prise en compte par le rapport Robillard», indique Eric Audouy. La CNI appelle « à la mise sur pied d’un plan national santé mentale digne de ce nom afin que soit, entre autres, défini rapidement un ratio effectifs / patients prenant en compte la spécificité des secteurs et qui apporte une adéquation des moyens au regard des besoins en termes de structures et de lits. »
Mais pour l’heure, rien de bouge du côté des pouvoirs publics, l’examen d’un plan santé mentale est bien dans les tuyaux, mais est conditionné au vote de la future loi de santé, qui ne cesse de prendre du retard. « Bref, on attend », se désespère la CNI.
Françoise Vlaemÿnck