Psychiatrie
Le CH du Vinatier, à Bron (Rhône), est sous le choc après le suicide d'un soignant de l'unité de soins intensifs, le 8 février. Un drame qui intervient quelques jours après l'agression d'un de ses collègues par un jeune patient et le suicide de deux patients.
L'infirmier, âgé de 53 ans, "subissait de graves problèmes personnels et s'est suicidé à son domicile ", rapporte Marc Aurey, responsable local de la CGT santé-action sociale. Si personne ne souhaite faire un lien entre les deux événements, la CGT pointe tout de même du doigt une certaine "banalisation de la souffrance des personnels au sein d'établissements où la relation humaine est la base de tout". Ayant exercé de nombreuses années au sein de cet hôpital, l'IDE décédé avait été transféré de l'équipe de nuit à l'équipe de jour "en lien avec ses problèmes personnels", affirme le syndicaliste. Changement qu'il aurait perçu comme une sanction, alors qu'elle était destinée à l'aider. Une situation que Marc Aurey met sur le compte d'un manque de communication et d'accompagnement.
Jeudi, à la demande de la CGT, près de 300 personnes exerçant dans le secteur de la psychiatrie se sont réunies à Lyon pour une manifestation allant de l'ARS à la préfecture. Des délégations ont été reçues par les deux organismes. Ce n'est que le prélude d'une action nationale, ce lundi 16 février, avec un appel au débrayage de tous les personnels de psychiatrie entre 14 et 15heures. Une délégation CGT devrait être reçue au ministère de la Santé.
Pour le syndicat, les drames du Vinatier " sont la sombre illustration " des " mesures d’économie à tout va, fermetures de lits et de services, suppressions de postes et d’emploi " subies par le secteur de la psychiatrie. " Cela entraîne l’impossibilité de prendre correctement en charge les patients et génère, chez les personnels, la perte de sens du travail, le stress jusqu’à la culpabilisation, qui peuvent conduire à des passages à l’acte extrême ", alerte-t-il dans un communiqué.
Au Vinatier, un rassemblement aura également lieu et permettra aux agents de porter officiellement leurs revendications à la direction. Parmi celles-ci, la mise en place urgente d'un boîtier d'alerte permettant aux agents de pouvoir être secourus rapidement en cas d'agression par un patient.
Autre revendication : que la direction fasse une demande officielle à l'ARS de débloquer une partie de son enveloppe "de capacité d'autofinancement de l'établissement" de manière à créer de nouveaux postes. "Avec 1 million d'euros, on crée 30 postes ", estime Marc Aurey, qui décrit des situations de travail difficiles, notamment au sein de l'unité d'adolescents où a eu lieu l'agression, fin janvier : "Entre les personnels déplacés dans les services sous-dotés et les intérimaires, il devient très difficile d'avoir un esprit d'équipe."
Dans un communiqué officiel, la direction de l'établissement a tenu à démentir fermement l'information selon laquelle l'infirmier se serait donné la mort après avoir tenté en vain de sauver une patiente qui s’est pendue, le 1er février. "L'infirmier mentionné n'était pas en poste au moment des faits", souligne-t-elle.
Laure de Montalembert