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L’affaire des touchers vaginaux sur des patientes anesthésiées, révélée début février par Metronews, a suscité une mobilisation pour le respect du consentement des patients.
« Quel n’a pas été mon choc, lorsque j’ai découvert qu’une douzaine de personnes allaient assister à mon intervention ! Une intervention pour le moins intime… », raconte une patiente, sidérée d'avoir vu de nombreux étudiants entrer et sortir du bloc pendant son opération du col de l'utérus, malgré sa demande expresse. « Je me suis sentie violée. »
Autre histoire, celle d'une femme à qui la gynécologue a introduit la sonde d'échographie dans le vagin sans même la prévenir. « De tout le parcours de mon IVG, c’est ce que j’ai le plus mal vécu. Je n’étais qu’un bout de viande », lâche-t-elle. Autant de témoignages de patients qui se sont sentis brutalisés par des représentants du corps médical, à lire sur le Tumblr Je n’ai pas consenti.
À l’origine de cette libération de la parole, Clara de Bort, ancienne correspondante santé à la mission interministérielle de lutte contre les violences faites aux femmes. Indignée par la pratique des touchers vaginaux sur patientes endormies au bloc, qui aurait fait partie intégrante de la formation des étudiants en médecine de l’université Lyon-Sud, cette directrice d’hôpital a lancé une pétition et publié dans Le Monde une tribune qui a secoué le monde médical. Parmi les premiers signataires, l’écrivain Martin Winckler, de nombreux médecins et soignants mais aussi des citoyens ordinaires, horrifiés par ces révélations. La pétition a, à ce jour, recueilli près de 7000 signatures.
Loin d’apaiser la situation, Jean Marty, président du Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France (Syngof), et Bernard Hédon, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, ont déclaré au Monde qu'ils «ne [voyaient] pas le problème». Des internes s'insurgent également sur Internet, pointant le choix par les patients d'un hôpital universitaire qui, selon leurs dires, irait avec l'acceptation de ces méthodes d'enseignement.
« Mon corps n'est pas un open bar !, lance Clara de Bort, jointe par Espaceinfirmier.fr. On constate une distorsion entre la façon dont les médecins voient le corps et la manière dont la personne le ressent. Ces jeunes internes, à qui l’on dit de mettre leurs doigts dans une inconnue qui n'a rien demandé, subissent également une violence inutile et insensée. En somme, on déshumanise l'étudiant pour en faire un médecin. Et cela est demandé par des professeurs qui voient tous les jours la charte du patient hospitalisé affichée dans le couloir, mais ne se sentent pas concernés. »
Dans un communiqué de presse diffusé le 26 février, la Fédération hospitalière de France (FHF) et les conférences rappellent fermement aux médecins et étudiants que la notion de consentement n'est pas facultative : « L’examen d'une personne malade dans le cadre d'un enseignement clinique requiert son consentement préalable », insiste la fédération, se référant à la loi du 4 mars 2002.
Chaque soignant peut saisir le Défenseur des droits s'il est témoin d'actes contraires à la déontologie et à l'éthique, même pour une déclaration anonyme.
Laure de Montalembert