©Laëtitia Di Stefano
Phytothérapie, Yoga, Qi gong, hypnose, méditation… ces pratiques « alternatives » se développent depuis une quinzaine d’années, en complément des soins médicamenteux. Le 12 mars, l'association Thérapie d’Ici et d’ailleurs s'est penchée sur leur utilisation dans les soins infirmiers.
Et si, avant d’accomplir un acte, vous rassuriez le patient en disant « tout se passera pour le mieux », plutôt que « n’ayez pas peur » ? Ce simple changement de lexique (bannir le mot peur) et de syntaxe (préférer la forme affirmative) est déjà une entrée en douceur dans la technique de conversation hypnotique. « La frontière entre une conversation ordinaire et l’hypnose conversationnelle est floue, mince, on peut facilement passer de l’une à l’autre », indique Christine Berlemont, infirmière ressource douleur et hypnopraticienne à Meaux. Comme elle, des soignants utilisent les pratiques psychocorporelles (PPC) pour accompagner des patients en soins traditionnels.
Relaxation, yoga, méditation, aromathérapie… L’époque de la stigmatisation semble derrière. « Il y a trois phases dans le développement des PPC au sein du système de santé en France. On les a d’abord utilisées pour les soignants eux-mêmes, pour la gestion du stress entre autres. Puis les pratiques alternatives ont commencé à entrer en pédiatrie, pour la douleur ou encore en psychiatrie, mais en dernier recours. Enfin, aujourd’hui, on sollicite des infirmières expertes, qui maîtrisent un certain nombre de techniques. Pour autant, ces pratiques sont encore trop isolées en soins infirmiers », explique Pascale Thibault, cadre supérieure de santé, qui fut responsable du centre national de ressource contre la douleur. Désormais responsable pédagogique et co-gérante d’Amae-Santé, elle utilise le yoga, la relaxation et la musique dans sa pratique.
« Depuis une quinzaine d’années, les PPC nous apporte une nouvelle compréhension de la conscience et du subconscient, souligne Isabelle Célestin, psychothérapeute et directrice de l’Institut français des PPC. L’ouverture de diplômes universitaires en hypnose, PPC et gestion des émotions au CHU du Kremlin-Bicêtre est un pas important. »
Au-delà de nos frontières, les PPC se développent également. Le professeur Ben Arye pratique la médecine intégrative au service d’oncologie de la clinique d’Haïfa, en Israël : « Chez nous, 40 à 70% des patients atteints de cancer utilisent des médecines complémentaires en plus de la chimiothérapie. Cela agit à plusieurs niveaux : douleur, angoisse… Une infirmière, Bella, s’est spécialisée dans le massage thérapeutique. »
À Paris, Christine, 45 ans, atteinte d’une sclérose en plaques, a choisi de se soigner uniquement par des médecines alternatives : « Je retrouve de l’énergie, dissipe crampes et douleurs, par le yoga, l’hypnose et l’homéopathie. Tant que je peux, je continuerai sur cette voie, qui m’a fait entrevoir une possibilité de guérison… »
Laëtitia Di Stefano