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Les députés de la commission des Affaires sociales ont entériné l’abandon de cette mesure du projet de loi santé la semaine dernière. Un abandon qui ne sera pas rediscuté lors de l’examen du texte dans l’hémicycle, à partir du 31 mars.
L’amendement de suppression de l’article 32, qui prévoyait d'autoriser la vaccination en officine, a été porté par un de rapporteurs du projet de loi, le socialiste Jean-Louis Touraine, avec l’accord de la ministre. « C’était une disposition importante qui avait beaucoup attiré l’attention, a souligné Marisol Touraine devant les députés. L’objectif était de prendre à bras le corps la question de la couverture vaccinale et de multiplier le nombre de professionnels habilités à vacciner. Néanmoins, cette proposition a suscité des inquiétudes, que j’ai entendues. »
La vaccination par les pharmaciens a donc été renvoyée à des « expérimentations » ultérieures, dont les contours n’ont pas encore été définis. La ministre de la Santé, qui tient bon sur la généralisation du tiers payant, a ainsi voulu donner des gages aux syndicats médicaux, tous opposés à cette mesure, de même que les représentants infirmiers. Selon Jean-Louis Touraine, « à ce jour les pharmaciens ne disposent ni des compétences, ni de la formation indispensables à la réalisation des vaccins ». Une analyse largement partagée à l’Assemblée nationale, puisque six amendements de suppression avaient été déposés, de tout bord. « Il faut une concertation pour ce genre de proposition, qui visiblement avait quelques épines irritatives », a ironisé le député UMP Jean-Pierre Door, qui en a profité pour tirer la sonnette d’alarme sur le recul de la vaccination en France.
Le syndicat de généralistes MG France s’est « félicité du retrait de cette proposition, qui rencontrait une opposition déterminée des médecins et d’autres professionnels de santé comme les infirmières, infirmiers et certains pharmaciens ».
Le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) s’est « réjoui de la suppression de la mesure » et a « mis en garde le ministère contre l’organisation d’une concertation sur la vaccination qui s’effectuerait sans les représentants des infirmiers ». Même satisfaction à l’Ordre national des infirmiers, qui rappelle que 92% des IDE qu’il avait interrogées en février se sont prononcées contre la vaccination par les pharmaciens. Ces dernières s’étaient montrées intéressées par la possibilité d'étendre leur droit à vacciner sans prescription médicale, pour l'instant restreint à la vaccination contre la grippe des personnes à risques.
Les députés ont aussi adopté en commission en amendement du gouvernement, qui prévoit que dans les expérimentations de « pratiques avancées » paramédicales se feront dans « le cadre d’une équipe pluriprofessionnelle dont le chef d’équipe est le médecin traitant ». Un autre gage aux généralistes.
Véronique Hunsinger