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La décision prise par les députés lors de l’examen du projet de loi de modernisation du système de santé a suscité la colère et la consternation de plusieurs instances représentatives de la profession.
Les réactions n’en finissent plus de tomber et c’est surtout l’incompréhension qui domine face à la suppression de l’ONI et du contexte dans lequel cette décision a été prise.
« Nous refusons un vote de nuit avec 29 députés sur 577 », s’insurge Dominique Jakovenko, président de l’Association des infirmiers libéraux du bassin alésien, qui a lancé une pétition pour le maintien de l’Ordre. Et de rejeter l’idée que « 168 000 infirmiers inscrits à un regroupement professionnel soient sacrifiés en 20 minutes ».
L’Académie des sciences infirmières (ASI) a, elle aussi, fait part de sa consternation face à cette décision adoptée par des députés en comité réduit – 5 % de l’hémicycle. Il en est de même de l’Association nationale française des infirmières et infirmiers diplômés et étudiants (Anfiide), en colère « de voir huit années d’effort anéanties en quelques minutes par 4 % de la représentation nationale ».
L’Anfiide, qui reconnait que l’ONI doit fournir des efforts quant à son fonctionnement, s’inscrit en faux contre des députés, professionnels de santé, inscrits à leurs ordres respectifs, qui demandent la disparition d’un autre ordre. Elle plaide, entre autres, pour le respect de la loi qui a créé l’Ordre infirmier, pour que les problèmes infirmiers soient traités par des infirmiers et non par d’autres professionnels, ni par d’autres ordres, notamment celui des médecins. Elle rappelle que « tous les pays qui ont su donner du temps à l'ordre infirmier de se développer, offrent à la profession une place majeure dans le système de santé ».
Rappelant le rôle « important » que joue l’ONI pour « garantir la qualité des soins à la population et assurer la sécurité des usagers », l’ASI s’étonne que le rapport de la députée Annie Le Houerou n’ait pas été publié et que les organisations représentatives de la profession n’aient pas été auditionnées. De son côté, l’Union nationale des associations d’infirmiers de bloc opératoire diplômés d’Etat (Unaibode) considère également l’Ordre comme un véritable garant de la sécurité des patients, « notamment grâce à son action contre l’exercice illégal dans les blocs opératoires ».
Alors que le projet de loi vient d'être adopté à l'Assemblée nationale, reste à attendre l’examen du projet de loi au Sénat pour savoir ce qu’il adviendra de l’ONI.
Laure Martin