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En comparant une architecture hospitalière où les patients sont à plusieurs par chambre à une organisation en chambres individuelles, des chercheurs britanniques ont mis en évidence les difficultés que celles-ci posaient pour le personnel.
Les patients sont quasi unanimes : lors d'un séjour à l'hôpital, ils préfèrent une chambre individuelle. Mais pour les soignants, c'est une autre affaire, comme le montre une étude anglaise publiée en février dernier.
Des chercheurs britanniques ont interrogé des équipes travaillant à l’hôpital Tunbridge Wells de Pembury, dans le Kent, récemment passé d'une architecture avec plusieurs patients par chambre (les fameuses salles collectives inspirées des principes de Florence Nightingale) à une architecture où chaque patient jouit d'une pièce pour lui. Et ils constatent qu’au-delà de la traditionnelle résistance au changement observée lors de toute modification des habitudes de travail, les chambres individuelles posent de sérieux problèmes d’organisation aux infirmières anglaises.
Certes, celles-ci reconnaissent que le confort s’est amélioré pour les patients, qui apprécient l’intimité que leur procure le fait d’être isolé des autres malades. Le travail des équipes est moins souvent interrompu, ce qui joue en faveur de la relation soignant-soigné. Mais sur beaucoup d’autres aspects, le personnel constate que les chambres individuelles lui compliquent fortement la tâche
Parmi les griefs exprimés, on trouve le fait que la nouvelle architecture limite la visibilité des patients, ce qui rend la surveillance plus difficile, notamment pour prévenir les chutes. Mais le cloisonnement est aussi perçu comme empêchant un travail en équipe fluide : le personnel étant éparpillé dans un plus grand nombre de pièces, il est moins facile de localiser ses collègues quand on a besoin d’aide
Dernier reproche, et non des moindres : les chambres individuelles augmentent les distances parcourues par les soignants. Les chercheurs ont équipé ces derniers de podomètres, et les résultats sont sans appel : les équipes marchaient jusqu’à 1 mile de plus (1,6 km) par jour et par personne après le déménagement !
Adrien Renaud