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Le directeur général de l’AP-HP, Martin Hirsch, veut modifier l’accord sur le temps de travail pour éviter la suppression de 4 000 emplois en cinq ans.
L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris entre dans une zone de turbulences. Au bout d’une heure, l’intersyndicale CGT-FO-Sud a claqué la porte de la première réunion de négociation sur le temps de travail, qui s’est tenue hier mercredi 6 mai. Ces syndicats représentent 80 % du personnel non médical. Dans son discours introductif, le directeur général de l’AP-HP, Martin Hirsch, a posé les bases d’un dialogue qui s’annonce musclé. Il a rappelé que les efforts d’économies réclamés à l’AP-HP – 150 millions d’euros rien qu’en 2015 – menaçaient 4 000 emplois en cinq ans.
« Modifier les organisations du travail, c’est un levier pour éviter les suppressions d’emploi », a-t-il expliqué. « On nous menace d’un plan social si on ne renonce pas à nos acquis sociaux. C’est la même logique que celle de l’entreprise », analyse Olivier Cammas, de la CGT. Gilles Damez, pour FO, relève « qu’il n’y a aucune contrepartie, si ce n’est de belles phrases sur la qualité de vie au travail ». Même la CFDT, d’ordinaire plus arrangeante, a rejoint l’appel à la grève du 21 mai, aux côtés d’autres syndicats non représentatifs : l’Unsa, la CFTC, le syndicat de directeurs SMPS et le syndicat d’infirmières SNPI CFE-CGC. « Le directeur général prétend négocier, mais le projet est déjà ficelé, il veut supprimer cinq jours de RTT. On ne peut pas faire, comme toujours, des économies sur le personnel. On ne peut pas aller plus loin », assure Abdel Abdoun, de la CFDT.
En réalité, L’AP-HP est gagné par un large mouvement de renégociation des accords sur le temps de travail, déjà engagé dans un tiers des établissements, selon un sondage partiel de la Fédération hospitalière de France. En septembre dernier, son président Frédéric Valletoux a plaidé, devant la commission d’enquête parlementaire sur l’impact des 35 heures, pour un plafonnement des RTT à 15 jours, en évoluant vers des journées en 7 heures ou en 12 heures. Elle en escompte une économie de 400 millions d’euros.
À l’AP-HP, 50 % du personnel travaillent en journées de 7h36, ce qui lui ouvre un droit à 18 jours de RTT ; 18 % sont en 7h50, avec 20 jours de RTT ; près de 10 % travaillent en 12 heures, mais le directeur général a exclu dans son discours introductif tout développement de cette organisation du travail. Sont aussi sur la table les temps de repas, d’habillage et de déshabillage (généralement inclus dans le temps de travail à l’AP-HP), et des jours de congés historiques (jours médailles, pour la fête des mères, etc.). De cette renégociation, Martin Hirsch espère « 20 à 25 millions d’euros d’économies », a-t-il déclaré aux Échos.
L’issue de la négociation, qui doit s’achever le 18 juin, dépendra moins des discussions officielles que du « rapport de force » qu’espère créer les syndicats. « Des assemblées générales se tiennent dans tous les hôpitaux, assure Olivier Cammas. Elles sont très revendicatives, elles nous demandent d’aller plus loin. Il y a eu 200 personnes à la Pitié-Salpêtrière, 300 à Saint-Louis, 150 à Robert-Debré. Je n’ai pas vu ça depuis longtemps. »
Caroline Coq-Chodorge