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À l'initiative de l'Ordre national des infirmiers (ONI), 26 organisations professionnelles se sont réunies ce 12 mai à Paris pour réfléchir à l'évolution de la profession. Au menu : création d'une filière universitaire, pratiques avancées, prescription et vaccination infirmières... et avenir de l'Ordre.
Un « moment historique ». Didier Borniche, président du Conseil national de l'ONI (CNOI), ne pèse pas ses mots pour qualifier le rassemblement de 26 organisations infirmières (1), en cette journée internationale de l'infirmière. Alors que les débats parlementaires autour du projet de loi de santé reprendront dans quelques semaines au Sénat (2), il s'agissait de « réfléchir ensemble aux propositions de chacun pour faire évoluer la profession et améliorer la qualité des soins ». « C'est une première, mais ce ne sera pas la dernière », a lancé le président du CNOI, vantant sa « politique de la main tendue ».
Face au vieillissement de la population, à l'augmentation des maladies chroniques et au problème de démographie médicale, l'apparition de nouveaux métiers permettra de combler « le fossé entre le bac+3 (des paramédicaux, NDLR) et le bac+10 du médecin, a insisté Didier Borniche, citant l'exemple les infirmières libérales. Ce sont les seuls professionnels de santé qui continuent de se rendre au domicile du patient. Il faut leur donner d'autres prérogatives et moyens dans le champ du premier recours ».
En ligne de mire : la création de pratiques avancées, l'extension du droit de prescription infirmière aux antalgiques de palier 1 et aux antiseptiques, l'élargissement du droit de vaccination des IDE aux adultes (hors primo-injection) ou encore l'établissement de ratios soignants-patients par spécialités. Autant de revendications qui feront l'objet d'amendements au projet de loi de santé, portés par les différentes organisations professionnelles présentes. « Si on est 20 à présenter un même amendement, les députés vont se dire que ça répond à un vrai besoin », commente Thierry Amouroux, secrétaire général du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI).
Autres sujets de préoccupation : la construction d'une filière universitaire complète en soins infirmiers (licence-master-doctorat) et la valorisation de la recherche infirmière. « Il faut que la profession cesse de jouir de l'empathie qu'on a pour elle en permanence pour passer au stade de la reconnaissance en tant qu'acteur de santé, ni plus, ni moins », développe Didier Borniche, visant notamment les « décideurs politiques qui nous maltraitent comme ils l'ont fait récemment ».
Si l'avenir de l'ONI « n'était pas le sujet principal » de ce rassemblement, il n'a pas manqué d'être « évoqué ». Plusieurs des organisations présentes ont tenu à manifester leur soutien à l'instance ordinale, menacée de suppression par un amendement au projet de loi de santé adopté par les députés. « Sans l'Ordre, tous ceux qui sont là aujourd'hui ne se rencontreraient jamais », a affirmé la représentante de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), Élisabeth Tomé-Gertheinrichs.
Le président de l'ONI, qui « multiplie les rendez-vous » ces jours-ci, s'est voulu rassurant quant à la survie de l'Ordre. Et pour cause : l'instance a récemment reçu le soutien du président du Sénat, Gérard Larcher, et du Premier ministre. « Le Gouvernement souhaite le rétablissement juridique de l'Ordre », affirme le chef de cabinet de Manuel Valls, Sébastien Gros, dans une lettre de réponse à Judith Shamian, présidente du Conseil international des infirmières. Marisol Touraine, ministre de la Santé, « viellera à ce que cette position soit entendue dans la suite de la discussion parlementaire », écrit-il. L'ONI, qui sera prochainement auditionné par la commission des affaires sociales du Sénat, compte sur « un amendement rectificatif » de la chambre haute du Parlement.
Aveline Marques
1- Afic, Andep, Anfiide, Anisp, Ceeiade, Ceepame, CIF, CNI, Convergence infirmière, Esno, FHP, Fine Europe, Fnesi, FNSP, GIT, Onsil, ONI, Sideral-santé, Snia, Sniil, SNPI, Unaibode, etc.. La FNI, qui organisait plusieurs manifestations en province, a brillé par son absence.
2- Le projet de loi pourrait être examiné à partir du 22 juillet par la commission des affaires sociales et discuté en séance publique mi-septembre, rapporte l'APM.