©Hélène Trappo
INTERVIEW EXCLUSIVE
À l’occasion de la Journée internationale de l’infirmière, mardi 12 mai, la présidente du Conseil international des infirmières (CII), Judith Shamian, a appelé à une plus grande implication des représentantes de la profession dans l’élaboration des politiques de santé.
Espaceinfirmier.fr : Avez-vous observé une évolution récente dans la pratique du métier d’infirmière ?
Judith Shamian : Oui, la profession infirmière a fait d’incroyables progrès ces dernières années, en partie grâce à l’implication du CII dans les prises de décision politique de haut niveau. Nous avons travaillé main dans la main avec l’OMS, la Banque mondiale ou les agences des Nations unies pour nous assurer que la voix des infirmières soit entendue. Sur le plan national, nous avons travaillé avec divers gouvernements pour améliorer la situation des infirmières, leurs conditions de travail et la création de systèmes solides de régulation de leur profession. La recherche infirmière et l’évaluation des pratiques ont également fait de remarquables progrès ces dernières années.
Quels obstacles rencontrent encore les infirmières dans le monde ?
Les gouvernements continuent à voir les soins infirmiers comme un coût et non comme un investissement. Nous soulevons ce problème dans la « boite à outils » distribuée à l’occasion de la Journée internationale de l’infirmière. Les États doivent reconnaître l’intérêt budgétaire d’investir dans les soins infirmiers pour avancer dans les objectifs des Nations unies en matière de santé. Le plus grand défi à relever est le manque d’implication dans le développement des connaissances infirmières et le fait qu’on n’entend pas assez leur voix dans l’élaboration des politiques.
C’est pour cette raison que vous avez choisi comme thème de l’édition 2015 « Des soins efficaces et rentables » ?
Les infirmières jouent un rôle capital : elles sont en contact avec des personnes que ne rencontrent pas les autres professionnels de santé, aussi bien en ville qu’en milieu rural. Nous pensons que les associations nationales d’infirmières ont une immense opportunité pour défendre le rôle central des infirmières dans le développement de politiques de santé de qualité et l’amélioration des systèmes de santé et de l’accès aux soins. On ne parviendra pas à atteindre les objectifs de la couverture santé universelle, ni à lutter contre le poids des maladies non transmissibles, si on oublie que la plupart des solutions se trouvent dans les soins infirmiers et une approche des coûts économe.
Quel regard portez-vous sur la menace qui pèse sur l’Ordre des infirmiers français ?
C’est une grande préoccupation pour nous et cela représente un danger important pour la santé des Français. Le bureau des directeurs du CII a écrit au président Hollande et aux représentants du Gouvernement pour exprimer son inquiétude. Nous sommes heureux de faire savoir que nous avons reçu des réponses aussi bien du Président de la République, que du Premier ministre et du président du Sénat, qui nous ont assuré de leur soutien à l’Ordre. Les citoyens français doivent savoir que cet Ordre existe pour assurer la sécurité et la protection de tous, en s’assurant que seulement des infirmières qualifiées prodiguent des soins.