Manif AP-hp 21/05/15

21/05/2015

« Je refuse, je suis fatiguée »

Quelque 8.000 personnels de l’AP-HP, selon les syndicats, ont manifesté aujourd’hui devant le siège, avenue Victoria, pour protester contre la renégociation de l’accord sur le temps de travail et la diminution des jours RTT.

À 10 heures, ce matin, environ 300 personnes se sont réunies dans le grand hall de l’hôpital Saint-Louis. Sur les blouses blanches, fleurissent les courts slogans « j’aime mes RTT » et les plus longs discours : « Jusqu’à quand l’hôpital pourra être efficace ? », interroge sur un bout de carton une technicienne de laboratoire. Certains sont sur le départ, pour rejoindre à 11 heures les autres cortèges des hôpitaux franciliens, avenue Victoria, au pied du bureau du directeur général, Martin Hirsch. Mais d’autres restent à l’hôpital. « Il n’y a pas eu de réduction d’activités dans les services, aujourd’hui. De nombreuses infirmières et aides-soignantes sont assignées », explique Marlène Monlouis, IDE.

« Martin Hirsch menace de supprimer des postes ? Mais ils ont déjà disparu ! »

Forte de ses 33 ans d’expérience, elle expose très simplement pourquoi elle manifeste : « Nous travaillons en journées de 7h36. Martin Hirsch veut limiter notre temps de travail à 7h30 pour supprimer quelques RTT. Mais ces 6 minutes, nous allons continuer à les travailler. On nous demande de renoncer à ces journées de repos sans contreparties. Je refuse, je suis fatiguée. »

Se profile aussi, selon elle, une généralisation de la « grande équipe » : les IDE de journée pourront désormais travailler indifféremment le matin ou l’après-midi, selon les besoins du moment. « Cela va encore compliquer l’organisation de notre vie privée, surtout pour les mères de famille. Le personnel fait déjà des efforts, tout le temps. Martin Hirsch menace de supprimer des postes? Mais ils ont déjà disparu ! À mes débuts dans ce service, 2 IDE étaient chargées de 12 malades. Aujourd’hui, 1 IDE a la charge de 11 lits, où les patients tournent de plus en plus vite. Nous n’avons même plus le temps de leur parler. Je leur dis tout le temps ‘je vais revenir’, mais je ne reviens jamais. »

« S’il y a moins de RTT, il y aura plus d’absentéisme »

À l’exception des médecins, tous les métiers de l’hôpital sont représentés : administratifs, techniques et soignants. Manquent aussi les cadres de santé, souvent mis en cause par les manifestants. Mais au moins une cadre et une cadre supérieur étaient là. Exerçant dans un service de neurologie, elles ne voulaient pas rater cette occasion de dire au directeur général « qu’il fait fausse route. Personne ne s’attendait à ce qu’il rediscute les RTT, alors que le moment est déjà difficile. Le discours sur les conditions de travail est ridicule : s’il y a moins de RTT, il y aura plus d’absentéisme, tout le monde sera perdant. Les effectifs sont déjà à flux tendu, on rappelle régulièrement des agents sur leur repos. La direction nous menace de supprimer encore des effectifs, mais nous voulons continuer à respecter les agents, qui sont courageux, souvent fatigués, rarement absents, et qui n’ont pas volé leur RTT. » Au passage, elles aussi pourraient voir fondre leur jours de repos, alors qu’elles travaillent « 9 à 10 heures par jour, pour 2.000 euros net par mois ».

Cette manifestation n’était qu’une répétition. Les syndicats appellent à un « mouvement dur » jeudi 28 mai, jour où le directeur général présentera un protocole d’accord aux syndicats.



Texte, photos et vidéo: Caroline Coq-Chodorge

Les dernières réactions

  • 28/05/2015 à 22:56
    ktychu
    alerter
    A bordeaux les nouvelles IDE signent pour travailler en grande équipe ET remplacement de nuit. elle font plus que 7H30, nous partons tous à des heures supérieur à notre temps de travail.
    Hirsch est un administratif, il compte les heures officielles non o

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