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L’Ordre national des infirmiers (ONI) a organisé le 24 juin au Sénat un colloque sur les infirmiers en pratique avancée. Un nouveau champ d’exercice qui s’ouvrira avec le projet de loi santé.
L’exercice en pratique avancée permet une nouvelle contribution des IDE dans la dispensation des soins, dans un contexte où les maladies chroniques sont en augmentation constante. En France, son développement se heurte néanmoins à l’absence de cadre réglementaire et législatif; quant à la nomenclature des actes infirmiers, elle est loin d’être adaptée. Le projet de loi de santé, qui sera examiné au Sénat à la rentrée, devrait toutefois en poser les bases puisque son article 30 prévoit l’exercice en pratique avancée pour les auxiliaires médicaux. Cependant, la question de la responsabilité et du paiement des actes demeure floue.
Les domaines d'intervention en pratique avancée devraient comporter des activités d'orientation, d'éducation, de prévention ou de dépistage, des actes d'évaluation et de conclusion clinique ou encore des prescriptions. « Pour exercer en pratique avancée, l’infirmière doit détenir un diplôme de niveau master, avoir suffisamment exercé et acquis les connaissances théoriques ainsi que le savoir-faire nécessaires aux prises de décisions complexes », a expliqué Christophe Debout, infirmier titulaire d’un doctorat en sciences infirmières (PhD). Objectif : « Améliorer la pertinence des soins, la fluidité du parcours du patient, la coordination, la qualité ainsi que la sécurité des soins. »
Mais attention, on ne parle pas ici de transfert de compétences. « Il ne s’agit pas de morceler nos métiers propres, mais de travailler à l’acquisition d’une expertise, à la valorisation de nos métiers et d’identifier les zones dans lesquelles il est possible d’apporter des compétences nouvelles », a estimé le Dr Patrick Bouet, président du Conseil national de l’Ordre des médecins.
Les pratiques avancées ne sont pas restrictives, ni limitées aux infirmières hospitalières, mais ouvertes aux personnes ayant suivi les formations complémentaires. Comme le confirme Cécile Barrière-Arnoux, infirmière libérale à Alleins (Bouches-du-Rhône), qui a suivi un master en sciences cliniques infirmières à l’Université d’Aix-Marseille, spécialité gérontologie. Cette formation lui a apporté un changement de posture dans sa pratique quotidienne. « Aujourd’hui, je suis davantage dans des soins pertinents et j’explore mon rôle propre », confirme-t-elle. Et d’ajouter : « Je ne fais cependant pas de l’évaluation gérontologique à tour de bras. Et puis je suis vite bloquée par la nomenclature et la législation. Je dois faire attention aux limites afin de ne pas être accusée d’exercice illégale de la médecine. »
Ce n’était pas l’objet du colloque, mais l’organisation de cet événement dans l’enceinte du Sénat qui examine actuellement, en commission des affaires sociales, la future loi de santé, a conduit le sénateur UMP Alain Milon, président de la commission, à quelques révélations. « Nous [les sénateurs, NDLR] allons rétablir l’existence de l’ONI car soit on supprime tous les ordres, soit on n’en supprime aucun », a-t-il soutenu en précisant qu’il serait « dramatique » que l’Ordre ne soit pas « sauvé ».
Laure Martin