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En 2013, 12 432 faits de violences ont été signalés par des établissements sanitaires et médico-sociaux ; c'est 9,6% de plus qu'en 2012. Près de la moitié des atteintes aux personnes concernent des IDE.
Dimanche 10 mai. Un patient alcoolisé est transporté aux urgences du CHU de Nîmes après une tentative de suicide. Refusant de se déshabiller, « il a dégainé un couteau et tenté de frapper l'infirmière dans le dos », rapporte Midi libre. Jugé quelques jours plus tard par le tribunal correctionnel, il écope de six mois de prison ferme. Un « fait divers » qui n'a rien d'exceptionnel pour les personnels des établissements de santé, si l'on en croit le dernier rapport de l'Observatoire des violences en milieu de santé (ONVS), dont les principaux chiffres ont été diffusés le 11 juin dernier par la Fédération hospitalière de France (1). En 2013, 12 432 faits de violence ont été signalés, soit une hausse de 9,6% en un an, alors que le nombre d'établissements déclarants est stable (353 en 2013, 352 en 2012 ; 94% sont publics).
Les atteintes aux personnes représentent les deux tiers des signalements, contre un tiers pour les atteintes aux biens : il s'agit à 64% de violences verbales (injures, insultes, menaces) et à 36% de violences physiques (coups, violences avec armes...). Près de huit fois sur dix, la victime est un membre du personnel : infirmières (46%), autres personnels soignants (44%) et médecins (10%). Les patients sont les auteurs dans 72% des cas ; viennent ensuite les accompagnants et visiteurs (16%, une proportion en hausse), les « autres », les personnels (4%) et les détenus (1%).
Comme les années précédentes, la psychiatrie est le service qui déclare le plus de violences, avec près de 25% des signalements, devant les urgences (près de 15%), la gériatrie et la médecine (près de 10%). Un quart des incidents auraient pour origine « un reproche lié à la prise en charge ». Autres motifs relevés : un temps d'attente jugé excessif, l'alcoolisation, le refus de prescription, le règlement de compte, la drogue...
Fait positif, ces déclarations ont donné lieu à 2 257 dépôts de plainte (2), soit 24% de plus que l'année précédente. Mais, dans 54% des cas, les suites données sont inconnues. Vingt plaintes concernaient des violences de niveau 4 (violences avec armes).
Que font les autorités et les établissements face à cette recrudescence de la violence ? Les principales mesures concernent la désignation d'un « correspondant sûreté » au sein des commissariats ou gendarmeries, de « référents sûreté » au sein des hôpitaux, la mise en place de vidéoprotection, l'établissement de procédures d'alerte particulières ou encore des formations pour le personnel (3), cite l'ONVS, qui continue de déplorer la « sous-déclaration » des incidents. Et de constater : « Le premier filtre est constitué par les soignants eux-mêmes. »
Aveline Marques
1- Le rapport 2013 complet, attendu depuis un an, n'a toujours pas été publié par le ministère.
2- Le dépôt de plainte est facilité. Les établissements peuvent se constituer partie civile.
3- En 2014, le personnel des urgences du CH de Tourcoing a ainsi été formé au self-defense. Lire L'infirmière magazine n°357, daté de février 2015.
À savoir : la FHF a élaboré des fiches réflexes sur la conduite à tenir dans les situations de violence en établissements publics, sanitaire et médico-social.