Chaque année, la Drees passe au scanner les étudiants inscrits dans les filières préparant aux professions de santé. Le portrait des étudiantes en soins infirmiers (ESI) est bien plus nuancé qu’on ne le croit.
Chaque année, des milliers d’infirmières fraîchement diplômées arrivent dans les services pour prêter main-forte à leurs collègues plus expérimentées. Qui sont-elles ? Pour le savoir, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé publie régulièrement une étude qui détaille leurs caractéristiques. Le millésime 2015, qui porte sur les étudiantes qui étaient en formation en 2013, est riche en enseignements.
Tout d’abord, les effectifs: 90 531 personnes fréquentaient les bancs des Ifsi en 2013. C’est plus qu’en 2012 (88 115 étudiantes inscrites), mais c’est surtout plus qu’en 2006 (77 748). Alors que des départs massifs en retraite sont attendus ces prochaines années dans la profession, la relève est assurée.
Autre bonne nouvelle : doucement mais sûrement, la profession s’éloigne des stéréotypes qui lui collent à la peau. Elle se masculinise, par exemple : alors que d’après les derniers chiffres de la Drees, les hommes n’étaient que 13% parmi les IDE en exercice, ils sont 17% en Ifsi. Ce chiffre n’était encore que de 14% en 2006.
L’origine professionnelle des ESI est également plus diverse qu’on ne le croit souvent. Si plus des deux tiers d’entre elles étaient étudiantes ou lycéennes avant d’entrer en Ifsi, elles étaient 20% à être demandeuses d’emploi, et 10% à être salariées ou en congé de formation professionnelle. Les étudiantes infirmières ne sont donc pas toutes, comme le voudraient les images d’Epinal, des jeunes filles naïves et sans expérience. Près du quart d’entre elles a d’ailleurs plus de 25 ans.
De même, si la majorité des ESI avaient des parents employés ou ouvriers (plus de 50% pour la mère, et près de 45% pour le père), elles sont 20% à avoir un père cadre ou exerçant une « profession intellectuelle du supérieur », selon les termes de la Drees. Elles sont également nombreuses à ne pas être éligibles aux différentes bourses disponibles : en 3e année, par exemple, elles étaient 40% à devoir se passer de toute aide financière.
Une telle diversité ne veut pas dire que tout le monde peut devenir infirmière. L’accès aux formations est difficile, et les chiffres de la Drees le prouvent. Sur près de 200 000 candidates, environ 54 000 ont été admises en 1ère année. Pour le diplôme, le taux de réussite est de 94%.
Adrien Renaud