Hôpital; urgences; canicule
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CANICULE
Dans un contexte budgétaire contraint, les communiqués ministériels demandant, pour cause de canicule, le report des fermetures estivales, agacent le Syncass-CFDT.
Le 3 juillet, dans un communiqué envoyé à tous les établissements de soin, Marisol Touraine a demandé « que les hôpitaux des départements placés en alerte canicule maintiennent leurs capacités d’accueil médical, dans les services d’urgences et en aval des urgences, jusqu’à la fin de la semaine prochaine. Les fermetures estivales programmées sur cette période seront différées si elles portent atteinte aux capacités d'accueil en médecine ». L’injonction ministérielle venait renforcer une demande formulée la veille par la direction générale de l’offre de soins (DGOS).
Une demande qui a fait bondir le Syncass-CFDT (1), qui s’est, à son tour, fendu d’un communiqué, lundi 6 juillet, chargé d’une avalanche d’interrogations: « Que signifie, très concrètement, “veiller à ce que vos structures d’urgence soient en capacité de prendre en charge un éventuel afflux de patients” ? S’agit-il de renforcer la présence médicale et soignante, et comment ?, demande le syndicat. Est-il réaliste de demander le report des fermetures estivales, qui font déjà l’objet d’une vigilance des ARS ? Qui peut croire que l’on pourrait, au pied levé, disposer des effectifs nécessaires, sauf à remettre en cause, hors de tout délai de prévenance, les congés annuels, organisés au prix d’un étalement très contraint des absences ? Le surcoût de la mobilisation de moyens supplémentaires sera-t-il compensé et comment ? Les dépenses engagées seront-elles compatibles avec l’encadrement de la masse salariale des établissements de la région ? »
Alors que l'est de la France, le Rhône et la région Centre demeuraient en vigilance orange ce début de semaine, et que les services d’urgence de ces départements, débordés, mettaient en œuvrent les plans d’intervention préalablement conçus, le discours ministériel agace. « Il faudrait donc garder des lits ouverts quand il fait chaud, quand il fait froid, en cas d’épidémie de grippe… mais les autres mois, gérer le virage ambulatoire ! », s’indigne le Syncass, soulignant le paradoxe entre les restrictions toujours plus fortes imposées à la gestion hospitalière et la volonté du ministère de se « couvrir » en cas de catastrophe comparable à celle qui suivit l’épisode caniculaire d’août 2003. Sans oublier la portée de l’injonction, uniquement adressée aux établissements publics ou collaborant au service public, dans l’oubli total de la médecine de ville…
Le syndicat réclame, enfin, qu’une « attention particulière » soit également portée par le ministère aux « établissements qui se débattent dans les difficultés ». « Les hospitaliers, dans les établissements de santé, médico-sociaux et sociaux et dans leurs services à domicile, font leur travail pour assurer, au mieux, la prise en charge des usagers, conclut le Syncass-CFDT. Qu’au moins, l’État leur donne acte des efforts faits, sans en rajouter au nom du principe de précaution. »
Sandra Mignot
1- Syndicat des directeurs, cadres, médecins, dentistes et pharmaciens des établissements sanitaires et sociaux publics et privés.