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Et après…
Le moins qu’on puisse dire est que le dispositif n’a pas eu le succès escompté. Alors qu’une première infirmière était « CDisée » l’an passé, elles ne sont guère plus nombreuses à avoir franchi le pas aujourd’hui.
Il y a un peu plus d’un an, Appel médical signait avec une infirmière lyonnaise son tout premier CDI intérimaire pour cette profession. Elle est, à ce jour, toujours la seule IDE sous ce contrat dans cette entreprise d’intérim, aux côtés de trois aides-soignantes. Pour autant, Emilie Aigon ne regrette pas d’avoir essuyé les plâtres. « Je suis vraiment contente de mon choix, expliquait-t-elle au début de l’été. C’est vraiment confortable de ne plus avoir à s’angoisser de pouvoir travailler à temps plein. Pour la première fois cette année, j’ai pu prendre quinze jours de vacances en juin en pouvant les programmer à l’avance et sans perte de revenus sur ce mois. »
Le principe du CDI intérimaire est que l’infirmière devient salariée de l’entreprise d’intérim qui lui fournira des missions correspondant à un temps plein. Missions que l’infirmière ne pourra pas refuser si elles respectent des conditions, notamment d’éloignement géographique, prévues dès le départ dans le contrat. Toutes professions confondues, à peine plus d’un millier de CDI intérimaires ont été signés depuis mars 2014. « Force est de constater qu’on ne croule pas sous les demandes d’infirmières de passer en CDI intérimaire, reconnaît très honnêtement Christophe Bougeard, directeur général d’Appel médical. Cependant, nous avons des dossiers en cours et nous pensons signer une dizaine de nouveaux contrats d’ici à la fin de l’été ». Pourquoi n’y a-t-il pas eu davantage de candidats ? « Il s’agit d’une profession pénurique, rappelle Christophe Bougeard. Les infirmières qui ont envie de travailler en CDI trouvent des contrats sans difficulté. » S’ajoute à cela la perte des indemnités de précarité lorsqu’on signe un CDI intérimaire. Soit une perte de revenus de 10% environ. En revanche, le CDI permet plus facilement de contracter un emprunt par exemple. « Il n’y a aucun intérêt financier à signer un CDI intérimaire, confirme Emilie Aignon. Moi je l’ai fait pour pouvoir continuer à diversifier mes expériences et avoir quand même une certaine stabilité professionnelle et travailler à temps plein, ni plus, ni moins ». De plus, comme dans l’intérim en général, ce type de contrat est plus difficile à concilier avec une vie de famille en raison de horaires changeant.
Chez Adecco médical, seule une dizaine de CDI intérimaires ont été signés depuis un an par des infirmières. « Comme tout nouveau contrat, cela nécessite un temps d’explication relativement long, souligne Dominique Stricher, directrice du développement de Adecco médical. C’est pourquoi le démarrage est lent, mais cela reste pour nous un sujet d’avenir ». Des CDI intérimaires ont été signés en Franche-Comté, Lorraine et en région parisienne. « On remarque un effet boule de neige, note Dominique Stricher. Souvent quand un contrat est signé dans une agence, un second suit rapidement ». Il s’agit le plus souvent d’une jeune diplômée qui veut « sécuriser son arrivée dans la vie professionnelle » ou encore d’un senior pour que préfère afficher un CDI à son banquier pour faire un emprunt tout un gardant la flexibilité de l’intérim.
Véronique Hunsinger