Hôtel-Dieu

Hôtel-Dieu

11/08/2015

ET APRÈS...

L’Hôtel-Dieu cherche sa vocation

Dépouillé d’une grande partie de ses activités depuis novembre 2013, l’Hôtel-Dieu (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) survit aux errements de son projet médical.

Le projet Fagon d’hôpital « universitaire de santé publique » ? Jeté aux oubliettes. La cession du bâtiment ? Officiellement enterrée. Le transfert du siège de l’AP-HP, avenue Victoria, vers les locaux de l’Île de la Cité ? Abandonné. Depuis le départ de Mireille Faugère de la direction de l’AP-HP (1) et son remplacement par Martin Hirsch, fin 2013, l’Hôtel-Dieu peine à (re)trouver son cap.

Sous l’égide de Pierre Carli, médecin-chef du Samu de Paris, un groupe de travail concernant l’évolution du SAU Hôtel-Dieu dans le dispositif des urgences parisiennes avait dessiné à l’automne 2014 des perspectives permettant de développer l’activité psychiatrique autour de l’expertise en matière de prise en charge des suicidants, de rouvrir l’accès aux patients amenés par véhicules sanitaires -notamment pour traumatologie simple de membre isolé et consultations post-urgence-, de développer une filière de consultation rapide réservée aux touristes (avec imagerie, biologie et surveillance brève), ainsi qu’une filière de prise en charge des accidentés du travail de l’AH-HP, et de déployer l’activité du centre de diagnostic existant. Pour l’heure, aucune de ces orientations n’a été mise en œuvre, malgré l’agrément de la direction.

Veto de la CME

Il faut dire que la concrétisation du projet était soumise à l’accord de la CME de l’AP-HP, loin d’être acquis. Le 14 avril dernier, le projet d’évolution du plus vieil hôpital de Paris proposé par la direction était rejeté d’une voix. « C’est parce qu’il n’y a pas de véritable projet médical pour cet établissement », conclut Gérald Kierzek, urgentiste au SAU de l’hôpital Cochin et ancien responsable du Smur de l’Hôtel-Dieu. C’est probablement aussi parce que la CME voit dans la fermeture et la cession de l’établissement l’occasion de réorienter des moyens vers les autres hôpitaux de l’AP-HP.

Le programme présenté par la direction proposait de réserver une aile (24.500 m2) à des projets d’immobilier social (logements sociaux, résidence étudiante et accueil de « visiteurs » étrangers dans le cadres des programmes internationaux de l’AP-HP), commerces et activités de service, sans cession du bâtiment ; une deuxième aile (25.000 m2) aurait été consacrée à l’activité médicale (psychiatrie, urgences légères, plateau technique d’imagerie, centre de médecine ambulatoire, HAD, lits halte soins de suite, etc.), tandis que les quelque 4500 m2 restants accueilleraient des activités précédemment localisées au siège, voire l’école de chirurgie.

De 1.700 à 530 agents

Pour l’heure, l’établissement demeure comme suspendu entre deux eaux. Son SAU est mutualisé avec celui de Cochin et reçoit surtout des urgences légères. Aucun véhicule de secours n’amène plus de patients depuis l’hiver 2013, mais l’établissement enregistre 70 à 75 passages aux urgences chaque jour. Après que la réanimation, la pneumologie, la chirurgie thoracique et le laboratoire ont été transférés, demeurent - au moins pour 2015 - l’ophtalmologie, la psychiatrie, les urgences médico-judiciaires, une permanence d’accès aux soins de santé (Pass)…

« De 2012 à 2014, l’hôpital est passé de 1.700 à 530 agents, observe Graziella Raso, de l'USAP-CGT. Et des médecins sont partis. » Difficile de dire combien de personnels non médicaux ont suivi le déménagement de leur service, sont partis dans d’autres, voire ont quitté prématurément leur poste. Parallèlement, la syndicaliste dénonce la surchauffe des urgences de Lariboisière, Tenon, La Pitié-Salpêtrière ou Bichat. De son côté, Gérald Kierzek dit observer 30 à 40 patients de plus par jour aux urgences de l’hôpital Cochin, membre du même groupe hospitalier.

Sandra Mignot


1- Sollicitée, l’AP-HP a refusé de répondre à nos questions.

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