« J’interviendrai pour protéger les personnes si elles sont affaiblies »

La pneumologue brestoise, à l’origine de la révélation des effets secondaires sévères du médicament -retiré du marché en 2009 par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (1)-, s’indigne en effet de l’attitude du laboratoire pharmaceutique. Mis en examen depuis 2011 pour tromperie aggravée avec mise en danger de l’homme, escroquerie, homicides et blessures involontaires, trafic d’influence et prise illégale d’intérêts, Servier mettrait tout en œuvre pour retarder le procès et l’indemnisation des victimes, dont l’état ne cesse de se dégrader. Dernière étape rapportée dans un article de L’Obs, le « refus du laboratoire d’indemniser une patiente pourtant identifiée par le collège d’experts adossé à l’Oniam (2), comme ayant subi plusieurs opérations du cœur pour une valvulopathie au Mediator. (…) Le fabricant invoque "le manque de temps" pour examiner son dossier. »

13,2 millions d’euros versés en deux ans

Depuis le 26 août, un manifeste a donc été rédigé et soumis à la signature de quelques 30 personnalités du monde médical, scientifique et médiatique. Mis en ligne grâce à la collaboration de Dominique Dupagne, médecin généraliste et fondateur du site atoute.org, il « exhorte les professionnels de santé à reconsidérer leurs liens avec le groupe pharmaceutique Servier, laboratoire mis en examen pour des comportements d’une extrême gravité à l’origine de milliers de maladies cardiaques graves et de décès ».

Récemment, l’association Regards Citoyens a établi qu’avec 13,2 millions d’euros d’avantages accordés (repas, transport, dons…) et de conventions signées (sponsoring, recherche, manifestation scientifique…) avec les professionnels, étudiants, associations, établissements et sociétés savantes, Servier était le deuxième laboratoire le plus généreux. Selon la base de données Transparence Santé mise en ligne par le ministère, le laboratoire a signé, entre les premiers semestres 2012 et 2015, quelque 63.250 conventions… Parmi elles, l’écrasante majorité concerne des médecins (59.184), 2.066 sont signées avec des étudiants et 547 avec des infirmières.

À ce jour, le manifeste a récolté 2.660 signatures supplémentaires, parmi lesquelles une quarantaine d’infirmières (cadres et retraités inclus).

Sandra Mignot


1- L’Afssaps a été rebaptisée Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé en 2012.
2- Office national d’indemnisation des victimes d’accidents médicaux