08/09/2015

ROYAUME-UNI

Une nouvelle étude pointe la surmortalité des patients admis le week-end

Depuis plusieurs années, les études britanniques se succèdent pour démontrer "l’effet week-end". D’après un article publié le 5 septembre dans le British Medical Journal, le risque est augmenté de 15% le dimanche.

Il y a au Royaume-Uni « une culture du lundi-vendredi » qui a « des conséquences tragiques ». Ainsi s’exprimait, en juillet dernier, le secrétaire d’État à la santé britannique, Jeremy Hunt, alimentant ainsi un débat déjà vif sur les horaires de travail des professionnels de santé outre Manche. Les résultats d’une étude parue samedi dans le British Medical Journal (BMJ) ont jeté de l’huile sur le feu.

Les auteurs de l’article ont analysé près de 15 millions d’admissions hospitalières sur l’année 2013-2014. Leur verdict est sans appel : « Comparé à une admission le mercredi, le risque de mourir dans les 30 jours est 2% plus élevé pour une admission le vendredi, 10% pour une admission le samedi, 15% pour une admission le dimanche et 5% pour une admission le lundi ». Au total, la surmortalité est estimée à 11.000 décès par an.

Service minimum

Les patients admis le week-end sont plus nombreux à l’être en urgence, ce qui augmente leur risque de mourir. Mais c’est un phénomène dont les chiffres présentés dans le BMJ tiennent comptent. Bien qu’ils reconnaissent ignorer « dans quelle mesure ces décès supplémentaires sont évitables », les auteurs établissent –au conditionnel- un lien entre cette surmortalité et les effectifs moindres présents dans les hôpitaux le week-end : « Les services annexes sont généralement réduits à partir du vendredi soir et durant le week-end, ce qui crée une rupture le lundi matin. Cela pourrait en partie expliquer que nous observions un "effet week-end" s’étendant au vendredi et au lundi».

Pas de données en France

Cet « effet week-end » joue-t-il en France ? Difficile de le savoir. Grégoire Rey, épidémiologiste et directeur du Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) de l’Inserm, reconnaît qu’il y a peu d’études disponibles dans notre pays. « Nous avons fait il y a quelques années une étude de la mortalité hospitalière, mais nous n’avons pas pu investiguer ce problème de façon ferme, explique-t-il. Nous avions le mois d’admission, mais pas le jour précis. » En tout état de cause, Grégoire Rey recommande la plus grande prudence pour l’interprétation de telles études : « Il y a toujours des biais qu’on ne peut pas identifier initialement », avertit-il.

Adrien Renaud

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