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Vendu entre 25 et 28 euros, le premier autotest permettant le dépistage du VIH est disponible sans ordonnance dès aujourd’hui en pharmacie. Il vise prioritairement des personnes éloignées des réseaux de soins et des associations de lutte contre le sida.
Alors que tous les ans plus de cinq millions de tests de dépistage du VIH sont réalisés en France, 30.000 personnes seraient infectées par le virus sans le savoir. Et on estime qu’entre 6.000 et 8.000 seraient nouvellement contaminées chaque année. Les personnes qui ignorent leur statut sérologique seraient à l’origine « de 60 % de ces nouvelles infections », a précisé le Pr Gilles Pialloux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon (Assistance publique-Hôpitaux de Paris).
Autotest VIH -c’est son nom-, conçu par une société française et mis en vente à partir d’aujourd’hui en pharmacie, sera-t-il en mesure de changer la donne ? Il est trop tôt pour le dire. Marisol Touraine, ministre de la Santé, qui s’est rendue lundi dans une officine parisienne pour annoncer sa mise à disposition, a chargé l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) de piloter « rapidement » une évaluation pour mesurer son efficacité.
En pratique, l’autotest se présente sous la forme d’un kit. Il permet à partir d’une goutte de sang et en une quinzaine de minutes, de détecter les anticorps signant la présence du VIH dans l’organisme. À noter qu’il pourra être délivré à des mineurs sans autorisation parentale.
S’il est annoncé fiable à 99 %, un résultat positif obtenu avec ce dispositif devra être obligatoirement confirmé par un test sanguin réalisé en laboratoire. Par ailleurs, le risque de faux négatifs n’est pas à écarter puisqu’une infection datant de moins de trois mois ne pourra être révélée par le test.
Pour les associations, qui attendaient la commercialisation de l’autotest depuis plusieurs années — il est disponible aux États-Unis depuis trois ans et en Grande-Bretagne depuis quelques mois —, l’enjeu est de taille. « Nous savons désormais qu'une personne séropositive dépistée tôt et correctement prise en charge a une espérance de vie proche de celle d'une personne séronégative. Nous savons aussi que grâce à un bon suivi et une mise sous traitement précoce, elle ne transmet plus le virus. Si nous parvenons à dépister et à accompagner dans le soin toutes les personnes séropositives qui s'ignorent, l'épidémie de sida s'éteindra en quelques années », a indiqué Aurélien Beaucamp, président de Aides, dans un communiqué de l’association.
Infirmière dans un centre de dépistage anonyme et gratuit (Cdag) en banlieue nord de Paris, Nathalie estime « très intéressant d’élargir la palette d’outils de dépistage du VIH et de permettre ainsi aux professionnels de santé d’organiser la prise en charge le plus tôt possible. Encore faudra-t-il que la personne qui s’est autotestée nous contacte… » Elle craint également que le prix du dispositif soit un « réel frein pour bon nombre de personnes ». D'autant que l’autotest, contrairement à un examen en laboratoire, n’est pas remboursé par la Sécurité sociale.
En outre, l’infirmière dénonce l’incohérence des politiques de santé publiques en matière de lutte contre le sida. « On a 30 000 personnes séro-ignorantes dans la nature et chaque année des Cdag ferment faute de moyens, alors que ces structures sont très efficaces », déplore-t-elle.
Pour ne pas rester seul face à la découverte d’une séropositivité, Sida-Info-Service met à disposition sa ligne téléphonique ouverte 24h/24 et 7j/7 (N° vert : 0800 840 800) pour prendre en charge les personnes et les orienter vers les réseaux de soins.
Françoise Vlaemÿnck
À consulter: le guide élaboré par la HAS à l'attention des professionnels de santé