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L'Ordre national des infirmiers (ONI) vient de signer une convention avec la Miviludes visant à mieux informer les soignantes sur les pratiques non-conventionnelles à visée thérapeutiques, qui se développent.
« Je me suis sentie très seule et dépourvue », raconte Guenaëlle Labadille. Alors qu’elle exerçait en HAD, l’IDE s’est trouvée face à une patiente atteinte d'un cancer du sein très avancé. Cette dernière avait décidé de refuser tout soin conventionnel, après avoir subi l'emprise d'un gourou anti-chimiothérapie. «J'en ai discuté à plusieurs reprises avec elle au décours des pansements sans la brusquer, mais elle était complètement hermétique », ajoute-t-elle. Bien qu'en équipe, l'infirmière n'a pu trouver de soutien réel face à cette situation.
Depuis plusieurs années, la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance contre les dérives sectaires) tire la sonnette d'alarme face à la multiplication des dérives sectaires dans le domaine de la santé. Un fléau qui semble progresser d'année en année, à tel point qu'il a fait l'objet d'un rapport du Sénat en 2013 et à la mise en place d'une campagne "Danger ! Attention aux traitements miracles et aux faux thérapeutes", au sein des cabinets médicaux en 2014.
Cette situation mobilise aujourd'hui l'ONI, qui a signé de partenariat avec la Miviludes, le 24 septembre. C’est la première convention de ce type signée par une organisation de professionnels de santé. Objectifs : favoriser l'échange d'informations et les signalements de situations à risques, pouvant déboucher sur la mise en place de sanctions ordinales lorsque des IDE sont impliquées. Des cas pas si rares que cela... Sur internet, nombreux sont les professionnels qui utilisent leur titre d'infirmier pour vendre des pseudo-thérapies potentiellement dangereuses, telles que le décodage biologique, la kinésiologie ou l'EMDR (eye movement desensitization and reprossessing).
Des actions de sensibilisation au risque de dérives sectaires sont au programme du partenariat entre les deux organismes, à destination de référents régionaux de l'Ordre. Élaboration de messages d'information et diffusion de fiches pratiques visant à aider les professionnelles à repérer les patients concernés en font également partie.
Un guide, consultable sur le site de la Miviludes, décrit de manière simple et précise différents types de situations. Tous les éléments devant alerter les professionnels de santé y sont présents, ainsi que des conseils pratiques "pour se protéger de la dérive sectaire", "reconnaître un charlatan ou un pseudo thérapeute sectaire", savoir "quand et à qui le signaler" ou encore "vers qui orienter un patient victime de dérive sectaire". On y trouvera aussi un lexique des pratiques les plus répandues, entre autres. Parmi les signaux d'alerte les plus fréquents, l'arrêt brutal des traitements médicaux classiques, la croyance aveugle en une thérapie de substitution, l'utilisation d'un vocabulaire jargonneux spécifique et l'isolement social et familial sont des éléments à ne jamais négliger.
Par leur type d'exercice, particulièrement proche des patients, les IDE peuvent-être en position favorable pour détecter un glissement vers l'endoctrinement, dont le but est le plus souvent mercantile.
Laure de Montalembert