30/09/2015

Les infirmières face aux dérives sectaires

L'Ordre national des infirmiers (ONI) vient de signer une convention avec la Miviludes visant à mieux informer les soignantes sur les pratiques non-conventionnelles à visée thérapeutiques, qui se développent.

« Je me suis sentie très seule et dépourvue », raconte Guenaëlle Labadille. Alors qu’elle exerçait en HAD, l’IDE s’est trouvée face à une patiente atteinte d'un cancer du sein très avancé. Cette dernière avait décidé de refuser tout soin conventionnel, après avoir subi l'emprise d'un gourou anti-chimiothérapie. «J'en ai discuté à plusieurs reprises avec elle au décours des pansements sans la brusquer, mais elle était complètement hermétique », ajoute-t-elle. Bien qu'en équipe, l'infirmière n'a pu trouver de soutien réel face à cette situation.

Depuis plusieurs années, la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance contre les dérives sectaires) tire la sonnette d'alarme face à la multiplication des dérives sectaires dans le domaine de la santé. Un fléau qui semble progresser d'année en année, à tel point qu'il a fait l'objet d'un rapport du Sénat en 2013 et à la mise en place d'une campagne "Danger ! Attention aux traitements miracles et aux faux thérapeutes", au sein des cabinets médicaux en 2014.

Quand les IDE sont les « dérapeuthes »

Cette situation mobilise aujourd'hui l'ONI, qui a signé de partenariat avec la Miviludes, le 24 septembre. C’est la première convention de ce type signée par une organisation de professionnels de santé. Objectifs : favoriser l'échange d'informations et les signalements de situations à risques, pouvant déboucher sur la mise en place de sanctions ordinales lorsque des IDE sont impliquées. Des cas pas si rares que cela... Sur internet, nombreux sont les professionnels qui utilisent leur titre d'infirmier pour vendre des pseudo-thérapies potentiellement dangereuses, telles que le décodage biologique, la kinésiologie ou l'EMDR (eye movement desensitization and reprossessing).

Des actions de sensibilisation au risque de dérives sectaires sont au programme du partenariat entre les deux organismes, à destination de référents régionaux de l'Ordre. Élaboration de messages d'information et diffusion de fiches pratiques visant à aider les professionnelles à repérer les patients concernés en font également partie.

Comment reconnaître un charlatan?

Un guide, consultable sur le site de la Miviludes, décrit de manière simple et précise différents types de situations. Tous les éléments devant alerter les professionnels de santé y sont présents, ainsi que des conseils pratiques "pour se protéger de la dérive sectaire", "reconnaître un charlatan ou un pseudo thérapeute sectaire", savoir "quand et à qui le signaler" ou encore "vers qui orienter un patient victime de dérive sectaire". On y trouvera aussi un lexique des pratiques les plus répandues, entre autres. Parmi les signaux d'alerte les plus fréquents, l'arrêt brutal des traitements médicaux classiques, la croyance aveugle en une thérapie de substitution, l'utilisation d'un vocabulaire jargonneux spécifique et l'isolement social et familial sont des éléments à ne jamais négliger.

Par leur type d'exercice, particulièrement proche des patients, les IDE peuvent-être en position favorable pour détecter un glissement vers l'endoctrinement, dont le but est le plus souvent mercantile.

Laure de Montalembert

Les dernières réactions

  • 30/09/2015 à 14:42
    moutarde
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    Ce témoignage est bien trop vague et succinct en ce qui me concerne et cette IDE n’exerce pas seule mais en HAD avec médecin, collègues, ICS, assistante sociale, psychologue…etc. et c’est bien dommage qu’au sein d’une telle structure aussi étayée en perso
  • 30/09/2015 à 18:50
    blaise
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    Je lis : "... pouvant déboucher sur la mise en place de sanctions ordinales lorsque des IDE sont impliquées."
    On en déduit qu'il y aurait des infirmiers spécialistes des sectes au sein de l'oni et qui possèderaient aussi des compétences en matière de dro
  • 30/09/2015 à 19:17
    arthur
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    L'ONI, dans sa mission, pointe du doigts certaine situations de dérives. Il n'est pas rare de voir certains professionnels de santé prodiguer des soins relevant de médecine parallèle comme les médecines orientales, très en vogue en ce moment, sans en avoi
  • 30/09/2015 à 20:37
    Nicole
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    Je ne vois rien de nouveau dans tout ça, les dérives ont toujours existées et ne sont pas l'apanage des IDE...
    Il faut savoir que l'IDE a la compétence légale d'utiliser les pratiques psychocorporelles comme thérapie non médicamenteuse. Il est important
  • 01/10/2015 à 01:19
    Laure
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    L'idée c'est que si on se présente comme IDE, on accepte le rôle officiel des IDE. Si on offre d'autres pratiques, on ne se présente pas comme tel puisque cela ne fait pas partie du rôle propre.
  • 01/10/2015 à 08:40
    Nicole
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    Pour le modérateur, enlever le premier et laisser le 2e message svp
  • 01/10/2015 à 08:42
    Nicole
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    Souci avec mes messages, tant pis.
  • 01/10/2015 à 10:17
    Nadège
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    Je suis infirmière et dans ma "trousse à outils" de soignant j'ai l'hypnose. J'utilise cet outil dans le cadre légal de ma profession. Je crois que le débat devrait être autour du contenu des textes de loi encore trop flou concernant la pratique des tech
  • 01/10/2015 à 10:49
    Nicole
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    Tout à fait d'accord. Les IDE doivent s'intéresser à ces nouvelles approches du soigné et à ces thérapies non médicamenteuses.
  • 07/10/2015 à 13:27
    IDEsud
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    Bonjour,
    certaines font semblant de ne pas comprendre ou se font l'avocat du Diable...
    les sectes sont une réelle menace pour nos patients ! Et pour nous !
    Une IDE qui va convaincre un patient d'arrêter son traitement pour une thérapie alternative/emp
  • 07/10/2015 à 18:56
    Nicole
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    Ben voyons, restons les sous fifres des décideurs... et des laboratoires. Surtout ne sortez pas de ce qu'on vous ordonne, vous les IDE ! pas d'initiative svp... moi ça me gave les gens qui ne veulent pas écarter leurs œillères.
  • 09/10/2015 à 19:30
    monque
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    Chacun doit rester à sa place ce n'est parce que nous sommes des soignants que nous pouvons dicter au patient ce qu'il doit faire.
    Il faut respecter ses choix surtout lorsqu’il est proche de sa fin de vie .
    ras le bol que tout soit dicté ...par du m

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