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Iade et Idel d'un côté, agents de l’AP-HP de l’autre… Hier, quelque 2000 soignants sont descendus dans la rue, chacun avec leurs propres revendications.
Alors que la colère gronde tous types d’exercice et d’activités confondus, les IDE ont battu le pavé ce jeudi 1er octobre. À Paris, quelques 1200 Iade, débarqués de toutes les régions de France, ont défilé entre la gare Montparnasse et le ministère de la Santé. « En 2010, on avait accepté de nous reconnaître le grade master, mais aujourd’hui, seuls les tout récent diplômés ont le statut, sans aucune modification de la grille salariale, explique une Iade exerçant à l’hôpital Trousseau (AP-HP). Nous nous retrouvons donc à former des jeunes qui sont plus diplômés que nous ! » Les infirmiers anesthésistes n’acceptent pas non plus d’être remplacés dans les Samu/Smur par des IDE non spécialisés. « On va créer des professionnels sous-qualifiés pour faire des économies, au détriment de la qualité et de la sécurité des soins, s’insurge un autre Iade, qui a fait le déplacement depuis Caen. Nous devons garder notre exclusivité de compétences. »
En fin de cortège, environ 80 infirmiers libéraux bouclaient la marche, avec leurs propres revendications. « Nous sommes aussi contre la loi de santé qui est actuellement discutée au Parlement car c’est la mort annoncée de l’infirmière libérale, avec des professionnels en maisons médicalisées, rémunérés au forfait, avec un salariat favorisé et la délégation d’actes techniques à des auxiliaires de vie », résume ainsi Michelle Drouin, présidente de la toute jeune association Infin’idels…
Les libéraux voulaient également signifier leur indignation devant le rapport et les recommandations de la Cour des Comptes, défilant au son du slogan : « Bosseuses, pas voleuses. Libérales pas vénales. » D’autres rassemblements ont été signalés en province : devant la CPAM à Perpignan et à Lyon, devant l’ARS à Marseille, ou encore en Corse…
Dans le même temps, quelques 850 soignants de l’AP-HP se sont rassemblés devant le siège de leur institution, avenue Victoria, et ont marché en direction du Sénat. Quelques 1200 autres grévistes étaient quant à eux réquisitionnés à leur poste. Thierry Amouroux du SNPI-CFE-CGC, présent dans ce rassemblement, n’est pas étonné que la mobilisation faiblisse un peu. « Alors qu’habituellement, c’est à la fin du conflit que la direction prélève les jours de grève sur les salaires, cette fois-ci, les gens ont vu leurs salaires rabotés très rapidement. La rentrée est dure pour tout le monde. » Le secrétaire général estime néanmoins que les professionnels demeurent mobilisés. « Des AG auront lieu dans les établissements aujourd’hui et en début de semaine et nous déciderons des suites à donner. »
Des représentants de dix collectifs régionaux d’Iade ont été reçus au ministère - les Idel n’avaient pas formulé de demande en ce sens. De nouveaux groupes de travail sur l’évolution de la profession ont été annoncés avec une première session dès la semaine prochaine. « On a un peu l’impression de se faire balader », évoquait néanmoins Marco Cova, du Syndicat national de infirmiers anesthésistes (Snia), à la sortie du ministère.
Texte et photos: Sandra Mignot