Octobre rose

08/10/2015

OCTOBRE ROSE

Cancer du sein : le dépistage remis en question

Chaque année, Octobre rose incite les femmes à réaliser une mammographie pour détecter un éventuel cancer du sein, responsable de 11900 décès par an en France. Alors que de nombreuses voix s'élèvent contre les risques de surdiagnostic et de surtraitement induits par le dépistage précoce, le ministère de la Santé lance une concertation citoyenne.

« Je viens de passer ma première mammo de dépistage et sincèrement je ne suis pas certaine d'être capable de recommencer dans deux ans tellement j'ai angoissé, à la limite du supportable. C'est peut-être idiot, puéril, tout ce que vous voulez, mais c'est ma réalité. Et je dois dire que les discours remettant en cause le bien-fondé du dépistage ne m'ont pas aidée, je ne savais pas si je faisais soit l'erreur de ma vie (aller "comme un mouton" vers un surdiagnostic) soit la meilleure chose qui soit pour moi. » Julianne n'est pas un cas isolé. Son témoignage, posté sur le site concertation-depistage.fr, illustre le malaise généré par le programme national de dépistage du cancer du sein.

17 000 cancers détectés

Six ans après la généralisation du dépistage systématique, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a chargé l'Institut national du Cancer (INCa) d'organiser « une concertation scientifique et citoyenne » sur le sujet. Objectifs : réformer le dispositif, qui « rencontre aujourd'hui certaines limites ». En effet, si 22 millions de mammographies ont été réalisées depuis 2004 et 17 000 cancers détectés en 2014 (1), le taux de participation peine à dépasser la moitié de la population cible – les femmes âgées de 50 à 74 ans. En cause, les « difficultés d'accès des femmes éloignées du système de santé » et les questions qui pèsent sur « la balance bénéfices-risques ».

Selon l'INCa, qui se base sur « les études les plus récentes », le dépistage permettrait de réduire de 15 à 21% la mortalité par cancer du sein. « Les cancers détectés à un stade précoce de leur développement permettent, en général, des traitements moins lourds et moins mutilants », souligne également l'agence sanitaire, qui admet néanmoins que « le diagnostic ne permet pas de distinguer les cancers qui vont évoluer, et qui sont majoritaires, de ceux qui évolueront peu ou qui n’auront pas de conséquences pour la femme concernée (10 à 20 % des cancers dépistés, selon les études) ». Des cancers qui n'auraient jamais été découverts, ni traités, en l'absence de mammographies.

Rapport attendu cet été

Jusqu'en mars 2016, les femmes, les professionnels de santé et les institutions qui les accompagnent et l'ensemble des citoyens, sont invités à témoigner de leur vécu et à donner leur avis sur le site concertation-depistage.fr. L'INCa réunira ensuite une conférence de 20 citoyennes, « représentantes de la diversité des femmes en France », et «formées aux grands enjeux du dépistage du cancer du sein », ainsi qu'une conférence de professionnels. À la suite d'une réunion publique nationale de clôture, au printemps, l'institut devrait rendre son rapport final au cours de l'été prochain.

Dans une optique de transparence, les contributions recueillies via le site sont visibles par tous. Les plaidoyers en faveur d'un dépistage élargi aux femmes plus jeunes, voire plus âgées, côtoient les récits de diagnostics erronés. «On ne sait plus à quel saint (sein ? :-) ) se fier », commente Élise, l'une des contributrices.

Aveline Marques


1- Sur les 48 800 nouveaux cas comptabilisés chaque année.

Les dernières réactions

  • 15/10/2015 à 01:01
    flantier
    alerter
    J'ai eu la chance d'avoir eu connaissance du diagnostic d'un cancer du sein de façon précoce, grâce à la compétence du radiologue qui a réalisé une mammo+écho de dépisatage sans signe d'appel . Je n'avais aucun signe clinique. Il a été découvert une tumeu

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