© O. Clément/Cocktail santé
SALON INFIRMIER
Représentant la ministre de la Santé, Michèle Lenoir-Salfati s’est rendue au Salon infirmier, jeudi 15 octobre. Une visite qui a suscité beaucoup de questions, mais peu de réponses.
On attendait Marisol Touraine. Faute de temps libre dans l’agenda ministériel, c’est finalement à Michèle Lenoir-Salfati qu’a échu la tâche d’aller à la rencontre de la première profession de santé de France. La sous-directrice des ressources humaines du système de santé à la DGOS (direction générale de l’offre de soins) a aisément évolué de stand en stand, répondant aux questions des organisations soignantes dont elle est souvent l’interlocutrice au ministère. L’occasion de faire le point sur les enjeux en termes de formation, de compétences et de reconnaissance de la profession.
Chez les Ibode, les puéricultrices et les cadres de santé, l’attente est forte. Plus d’un an après la publication du rapport Igas sur les formations paramédicales, la réingénierie des formations est au point mort. «Il faut voir quelles lignes vont se dégager à la Grande conférence de santé», qui doit se tenir début 2016, a indiqué la représentante du ministère. Grade master ou non, les référentiels de compétences et de formation des Ibode devront sans attendre intégrer les nouveaux actes exclusifs confiées à la profession, a-t-elle estimé. Quant à la réingénierie du programme de formation des puéricultrices, vieux de trente ans, elle se fera en lien avec celle des auxiliaires de puériculture.
«Dès que la loi est publiée, on mettra en place les groupes de travail. On veut avancer vite», a assuré Michèle Lenoir-Salfati. Enjeux: «faire bouger les lignes» entre professions de santé, en milieu hospitalier comme en ambulatoire. A ce titre, la sous-directrice des RH a salué l’expérimentation nationale Asalée (Action de santé libérale en équipe), «préfigurateurs de ce qu’on veut mettre en place avec l’article 30 du projet de loi». Alors que les sénateurs viennent de voter l'attribution d'un grade master aux futurs paramédicaux de pratiques avancées, Michèle Lenoir-Salfati s’est montrée plus réservée: «Il faut d’abord construire le contenu de l’exercice et après on regarde les grades». Au-delà d’un tronc commun de formation pour les infirmières de pratiques avancées, «des spécialités en cancérologie ou encore en diabétologie» pourraient être à l’étude.
En tant que garant de la déontologie, l’Ordre national des infirmiers aura son rôle à jouer, a affirmé la représentante ministérielle, puisqu’il s’agira de «sortir du décret d’actes infirmier». Les membres du Conseil national de l’ONI n’ont pas manqué de rappeler que la publication du Code de déontologie se fait attendre… En mars dernier, le Conseil d’Etat avait enjoint le Gouvernement de publier le décret avant le 31 décembre, sous peine d’une amende de 500 euros par jour de retard.
L’avenir de la formation en soins infirmiers se jouera également lors de la Grande conférence de santé. Si l’intégration à l’université est plébiscitée par les représentants infirmiers, la mutualisation des enseignements entre professions de santé, portée par le ministère, est loin de faire l’unanimité. Au détour d’une allée, le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC) a ainsi manifesté son opposition à une première année de licence paramédicale. De son côté, la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) est revenue à la charge sur la formation des tuteurs de stage, qui ferait prochainement l’objet d’une ordonnance ministérielle. « Elle n’aura pas l’impact que l’on souhaite, il faut un cahier des charges national, a insisté Lisa Cann, la présidente de l’association. C’est le minimum pour arriver à une vraie formation, et ne pas avoir une simple information.» Autre chantier, celui de la gouvernance des Ifsi. Un groupe de travail doit se réunir lundi prochain. Les étudiants en soins infirmiers veulent que leur voix compte.
Texte: Aveline Marques
Vidéo: Laurent Four et Jean-Marc Blanzat