Manifestation le 1er octobre à Paris.
© S. Mignot
Des négociations portant sur la redéfinition de l'exercice des infirmiers anesthésistes sont ouvertes avec ministère. Les syndicats déplorent d’ores et déjà de ne pas se voir reconnaître une pratique avancée.
« Je n’ai jamais vu une telle mobilisation. Les infirmiers anesthésistes attendent depuis longtemps une reconnaissance de leurs compétences, ils ne voient rien venir et sont très en colère. Les coordinations régionales se multiplient partout en France », assure Bruno Huet, vice-président du Syndicat national des infirmiers anesthésistes (Snia). Un premier appel à la grève a été lancé le 1er octobre dernier par l’intersyndicale formée par le Snia et l’Union fédérale médecin infirmières cadres et techniciens (UFMICT) CGT. Le 7 novembre, toutes les coordinations régionales se réuniront. Une page Facebook « Iade en lutte » compte déjà 2200 membres, sur les 9000 Iade qui exercent en France.
C’est dans ce climat que se déroulent des négociations longtemps attendues avec la Direction générale de l’offre de soins (DGOS). Elle ont débuté le 8 octobre et doivent se clore le 16 décembre. La première réunion a été une douche froide : la DGOS a expliqué ne pas avoir de « mandat » pour discuter des salaires, de la pénibilité de l’exercice et du positionnement statutaire des Iade. « C’est un scandale, s’émeut Bruno Huet. L’exercice en pratique avancée, prévu par l’article 30 du projet de loi de santé, qui crée une profession intermédiaire entre les paramédicaux et les médicaux, nous est refusé. Nous n’obtiendrons donc pas la revalorisation salariale qui va avec.»
Les discussions avec la DGOS vont porter sur les modalités d’exercice des Iade en ambulatoire, en salle de réveil, dans la gestion de la douleur ou en pré-hospitalier (Smur). « On nous fait miroiter des évolutions réglementaires et peut-être quelques revalorisations, estime Vincent Porteous, responsable du collectif national des Iade CGT. Mais nous sentons qu’on essaie de nous faire prendre encore plus de responsabilités et d'autonomie à un moindre coût.»
Cette mobilisation fait suite au mouvement des Iade en 2010, qui a arraché à la ministre de l'époque, Roselyne Bachelot, la reconnaissance d’un niveau master « simplement honorifique », rappelle Vincent Porteous. Pourtant, dans les faits, « dans de nombreux blocs, dans le privé comme le public, des Iade prennent en charge seuls des anesthésies sous la responsabilité d’un médecin anesthésiste qui peut intervenir à tout moment, rappelle Bruno Huet. Car un moyenne, il n’y a qu’un médecin pour deux blocs opératoires. »
Caroline Coq-Chodorge