De g. à d.: Véronique Bonniol, Caroline Chauvet et Viviane Centaure.
© O. Clément/Cocktail Santé
E-SANTÉ
Un débat réunissant lors du Salon Infirmier des IDE représentant diverses facettes de la e-santé, a permis d’aborder ses incidences sur la relation avec les patients.
Infirmière conseil pour le dispositif Cordiva, Viviane Centaure participe à un programme de recherches visant à évaluer les bénéfices de la télémédecine dans la prévention secondaire de l’insuffisance cardiaque (1). « Je retrouve deux aspects importants de mon rôle propre, que je n’avais pas le temps de faire à l’hôpital, en soins intensifs : la relation d’aide et l’éducation thérapeutique.» Les patients, suivis pendant 18 mois via un équipement connecté à leur domicile, se pèsent (2) et répondent quotidiennement à un questionnaire. Ces données, télétransmises, enrichissent leur dossier de soin informatisé.
L’infirmière conseil est alertée lors de l’apparition de symptômes marquant l’aggravation de l’insuffisance cardiaque d’un patient. À elle d’apprécier le degré de gravité de la situation, à partir des données reçues et grâce à un entretien téléphonique. Dans les cas les plus préoccupants, le patient peut être orienté vers un professionnel de santé de proximité ou vers le Samu. « Il y avait un vide à la sortie de l’hôpital. En renforçant l’accompagnement et le suivi du patient, nous venons combler ce vide. »
En parallèle à cette surveillance, l’IDE assure un suivi en éducation thérapeutique : « Il s’agit de s’adapter au patient, de bien le connaître. C’est ensuite à lui d’élaborer ses stratégies de santé. » Effectuant son suivi strictement par téléphone, Viviane Centaure a découvert une nouvelle relation de soin : « Le fait de ne pas se voir crée une autre proximité, une intimité. Par téléphone, les patients nous parlent de choses qu’ils n’auraient pas évoquées en face à face. »
Caroline Chauvet, infirmière rattachée à la cellule de coordination du groupement de coopération sanitaire Cardiauvergne effectue le même type de suivi. Elle doit réagir à d’éventuels signes d’alerte, en fonction de l’évolution du poids du patient. Elle a le sentiment que l’appel qu’elle passe au patient pour évaluer son état de santé et discuter avec lui de manière de réajuster son alimentation n’est pas toujours bien perçu : «L’appel à domicile pour lui parler de son poids peut être pris comme une intrusion dans sa vie personnelle. Il est important de désamorcer les choses, de lui expliquer que j’interviens pour réaliser du dépistage. »
De manière générale, il semble que ce travail d’explication et d’éducation thérapeutique finisse par porter ses fruits. En témoigne Véronique Bonniol, travaillant pour l’association Asalée (Action de santé libérale en équipe) en collaboration avec un médecin généraliste : « Les patients (3) que je suis depuis trois ans anticipent mon appel. Ils sont autonomisés par rapport aux signes cliniques qui sont en train d’apparaître. Ils peuvent d’eux-mêmes appeler le médecin. » Mais ils apprécient également d’avoir une interlocutrice en cas de doute, quand ils se trouvent seuls chez eux, pour répondre à une interrogation et être ainsi rassurés.
Marie-Capucine Diss
1- Après une première décompensation cardiaque.
2- La rétention hydrosodée est l’un des principaux signaux d’alerte de la décompensation cardiaque.
3- Diabétiques de type 2, patients tabagique à risque de BPCO ou patients à risque cardio-vasculaire.