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Après de multiples péripéties parlementaires, l’Ordre national des infirmiers (ONI) a été conforté par les députés lors de leur deuxième lecture du texte, vendredi 27 novembre.
(Article mis à jour le 02/12)
L’article 30 bis A du projet de loi de santé visait à l’origine à supprimer l’Ordre infirmier. Cet article, adopté lors de la première lecture du texte de loi à l’Assemblée nationale en avril, sur proposition de la députée socialiste Annie Le Houérou, a ensuite été supprimé par les sénateurs. Une position confortée par la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, mi-novembre.
Annie Le Houérou est donc revenue à la charge lors de la dernière lecture du texte au Palais Bourbon, en proposant trois amendements: l’un supprimant l’ONI, le deuxième lui laissant un an pour faire ses preuves, et le troisième rendant son adhésion facultative.
Lors de l’examen des amendements en séance publique le 27 novembre, la députée a rappelé que « parmi les quelque 600 000 professionnels recensés – le chiffre est difficile à évaluer précisément –, environ 177 000 personnes sont inscrites à l’Ordre, sans être nécessairement adhérentes, à jour de leur cotisation ». Les auditions qu’elle a menées « ont montré que l’ONI ne fait toujours pas consensus, qu’il n’est pas représentatif de la profession et qu’il continue à créer des tensions au sein d’une profession qui aurait besoin de se rassembler », a-t-elle rapporté. Aux problèmes de représentativité s’ajoutent, selon la députée, des problèmes de gestion et de transparence. De fait, « l’Ordre se heurte ainsi à un constat d’échec s’agissant des différentes missions qui lui ont été confiées ».
L’amendement de suppression de l’ONI est d’après Annie Le Houérou, un moyen d’apaiser les conflits au sein d’une profession divisée et de clarifier la situation juridique de 80 % des infirmières, qui, n’étant pas inscrites à l’Ordre, sont donc sous le coup d’un exercice illégal de leur profession.
Le Gouvernement a émis un avis défavorable aux trois amendements, tout comme la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale. Le député socialiste Jean-Louis Touraine, rapporteur du texte de loi, a rappelé en séance publique que « les adhésions [à l’ONI] sont en constante progression alors que les personnes non adhérentes ne font pas l’objet de poursuites. En définitive, ces conditions font beaucoup moins l’objet de critiques, quels que soient ceux qui les adressent ».
Selon lui, l’ONI est nécessaire car « ce n’est pas au moment où l’on met en place les pratiques avancées, lesquelles élèvent le niveau de responsabilité des activités d’infirmiers, que l’on peut se dispenser d’un ordre, destiné à les réguler ». Et d’ajouter qu’il n’est pas non plus possible d’opter pour une adhésion facultative car « dans ce cas, il s’agirait, non plus d’un ordre professionnel, mais d’un syndicat de plus – il en existe déjà plusieurs chez les infirmiers – ou d’une association ».
C’est pourquoi les trois amendements n’ont pas été adoptés par les députés. Le vote solennel du projet de loi est prévu ce mardi 1er décembre (1).
Laure Martin
1- le texte a été adopté par 296 voix contre 243 et 16 abstentions. Il doit être rediscuté au Sénat mi-décembre, avant une nouvelle lecture à l'Assemblée nationale.