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La santé est la grande oubliée de la COP 21, qui se tient jusqu'au 11 décembre à Paris-Le Bourget. Pourtant, les effets du réchauffement climatique sont déjà là. Reste à s’y préparer.
Qu’ils soient directs comme la canicule, les inondations, les ultraviolets, ou indirects comme la qualité de l’air, de l’eau et l’augmentation des infections, les effets du dérèglement climatique sur la santé s’affichent en nombre. On constate également le développement des allergies et la venue croissante des moustiques dans les pays tempérés, comme c’est le cas dans le Sud de la France (moustique tigre, dengue, chikungunya). À ce panorama s’ajoute la pollution de l’air causée par les particules fines, les PCB, les formaldéhydes ou l’ozone, un point majeur qui affecte la santé humaine.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de sept millions de personnes sont décédées prématurément, soit une sur huit au niveau mondial, du fait de l’exposition à la pollution de l’air - dont 4,3 millions de morts par an du fait de la pollution de l’air intérieur et 3,7 millions en raison de la pollution atmosphérique. Toujours selon l’OMS, l’évaluation de l’exposition humaine aux polluants présents dans l’air met évidence un lien fort entre cette pollution et les maladies cardio-vasculaires, les accidents vasculaires cérébraux, les infections aiguës des voies respiratoires inférieures et les cancers du poumon.
La cartographie et la fréquence des pathologies se modifient. Et pour quantifier et prévoir, de nouvelles approches voient le jour. C’est le cas du concept d’exposome (1), avancé par Robert Barouki, professeur à l’Université Paris-Descartes et directeur de recherche à l’Inserm : « C’est l’étude de l’ensemble des expositions qu’un individu va subir sur la vie entière, cela demande une réflexion globale et non parcellaire. Ce serait une sorte de parcours de vie avec toutes les influences subies, aussi bien les pollutions chimiques que l’alimentation ou la qualité de l’air… Et notre objectif, non atteint à ce jour, est d’intégrer cet ensemble pour essayer de prédire les conséquences pathologiques que cela peut avoir. »
Pour Patrice Halimi, chirurgien-pédiatre et secrétaire général de l’Association Santé Environnement France (Asef), la prévention et la formation sont déterminantes. « Les professionnels de santé sont un peu l’infanterie mobile, précise-t-il. Nous pouvons transmettre les informations à nos patients. Mais il faut que l’analyse de ce que chacun vit le touche afin qu’il soit acteur du changement qui est désormais nécessaire. Cela nécessite la mise en place d’une pédagogie du changement climatique. »
Si le réchauffement climatique n’est pas encore au cœur des politiques de santé, les assureurs, conscients des risques, s’y plongent. Pour preuve, Générali vient d’ouvrir une chaire de recherche dédiée afin « d’affiner les modèles et de prendre en compte la notion d’exposition prolongée ».
Isabel Soubelet
1- Intégré dans l'article 1 du projet loi de modernisation de notre système de santé.