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Marisol Touraine a présenté le 3 décembre son plan soins palliatifs 2015-2018, doté de 190 millions d’euros. Parmi les priorités : développer les prises en charge extra-hospitalières.
« Après le développement, ces dernières années, d’une offre spécialisée en soins palliatifs principalement en milieu hospitalier, il est désormais nécessaire de consacrer des efforts importants pour permettre aux patients de recevoir des soins palliatifs et d’être accompagnés à domicile », souligne le document ministériel.
Afin d’éviter les hospitalisations en fin de vie, la ministre souhaite favoriser la présence d’une infirmière la nuit dans les Ehpad. Une étude menée en 2013 par l’Observatoire national de la fin de vie a, en effet, montré que lorsque l’établissement dispose d’une IDE la nuit, 15,7 % des résidents sont hospitalisés en urgence au cours des 15 derniers jours de vie contre 24,9 % dans un Ehpad sans IDE la nuit. Cette présence permet aussi de réduire de 32 % la proportion de résidents qui décèdent à l’hôpital après un transfert hors urgence.
Une évaluation nationale va donc mesurer, dans le cadre d’expérimentations en cours (1), les effets de la présence ou du recours à une infirmière la nuit dans les Ehpad, sur la qualité de la prise en charge des personnes en fin de vie et sur le recours aux hospitalisations, en particulier aux urgences. « Un groupe de travail se réunira pour tirer les enseignements de cette évaluation et faire des propositions sur l'organisation d'une telle prise en charge », précise le plan. Six millions d’euros seront consacrés à cette action.
La ministre compte faciliter la mise en œuvre des soins palliatifs à domicile en encourageant financièrement les projets territoriaux développés en coordination par les libéraux. Elle veut aussi soutenir le recours aux expertises pour les équipes de soins primaires en matière de soins palliatifs, via les coordinations d’appui et les réseaux (plateformes territoriales d’appui) car le médecin généraliste, les infirmières et les aidants peuvent en avoir besoin (gestion de la douleur, hydratation, etc.).
Le plan prévoit, en outre, une plus grande coopération entre l’Hospitalisation à domicile (HAD) et les Services de soins infirmiers à domicile (Ssiad) / Service polyvalents d’aide et de soins à domicile (Spasad). Pour éviter les ruptures dans le parcours de soins des patients, en particulier ceux en fin de vie, ces structures sont à appeler à signer des conventions pour articuler au mieux leurs missions. Il apparaît également nécessaire de renforcer les capacités et les fréquences d’intervention des Ssiad/Spasad, notamment le week-end ou la nuit.
Enfin, la ministre veut agir sur la formation initiale des professionnels de santé en favorisant pour chaque étudiant en filière médicale et paramédicale la réalisation d’au moins un stage dans un dispositif spécialisé en soins palliatifs. Puis, sur la formation continue, en offrant la possibilité aux paramédicaux exerçant dans les structures dédiées de soins palliatifs et dans les équipes mobiles, de suivre des formations spécifiques au moins tous les trois ans et en fixant des objectifs de formation aux soins palliatifs pour les professionnels des établissements médico-sociaux.
Laure Martin
1- Plusieurs ARS expérimentent une organisation mutualisée sur plusieurs établissements: une IDE salariée par l'hôpital ou un Ehpad se rend dans les Ehpad voisins pour prêter main forte aux AS la nuit.