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Le ministère de la Santé a publié début décembre la liste des projets sélectionnés dans le cadre du Programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP) 2015. Les 22 projets retenus sont financés à hauteur de 3,7 millions d'euros.
Depuis la première édition du PHRIP en 2011, 88 projets de recherche infirmière et paramédicale ont été financés en France, dont moins de 10% hors CHU. Cette année, 22 projets ont été retenus, contre 28 en 2014, soit un taux de sélection de 13,92% sur les 158 lettres d’intention recevables. Ils seront financés à hauteur de 3,7M€, soit 169.137€ par projet en moyenne (de 60.996€ à 373.502€), davantage que l’an passé (157.000€ par projet en moyenne). On compte, parmi les porteurs de projets, quinze femmes et sept hommes. Les deux professions les plus représentées sont les infirmières et les kinés -au moins cinq chacun-, mais les ergothérapeutes et orthophonistes sont également présents. Au moins quatre cadres de santé sont aussi porteurs de projet.
Les projets concernent surtout la réanimation, la gériatrie, la cancérologie et la pédiatrie. Un projet s’intéresse à la psychiatrie. Bien que l’instruction d’appel à projets de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) mette en avant les soins primaires comme « thématique prioritaire » de recherche et insiste sur le fait que le PHRIP est ouvert aux professionnels libéraux, la cuvée 2015 fait comme toujours apparaître des projets très –pour ne pas dire exclusivement- hospitalo-centrés. Certes, l’AP-HP occupe moins la sélection que l’an dernier (3 projets sur 22 en 2015 contre 9 sur 28 en 2014), mais seuls trois projets ne sont pas hébergés par des CHU : avec un projet chacun, le CRLC Paul Lamarque Val d’Aurelle (Montpellier), l’Institut de cancérologie de Lorraine et le CHI de Poissy-Saint-Germain font figure d’exception.
« La recherche, notamment celle-ci qui est émergente, requiert un environnement », explique Hélène Coulonjou, chef du bureau innovation et recherche clinique à la DGOS. Pour que les professionnels libéraux puissent se lancer, ses services « essaient de faire de la structuration de la recherche en soins primaires en proposant un guichet unique pour que les porteurs de projets libéraux ou maisons de santé puissent recourir à une plateforme de ressources (méthodologistes, biostatisticiens, etc.) pour les aider par exemple, à construire leur échantillon», indique-t-elle. Ce dispositif est en phase de test avec les Hôpitaux universitaires du Grand-Ouest (Hugo) qui regroupent sept CHU et deux CLCC, l’un des sept groupements interrégionaux de recherche clinique et innovation (Gersi) de France.
Un autre axe de progrès réside dans les thèmes mêmes des projets de recherche soumis au PHRIP. « C’est hyper médical », constate Hélène Coulonjou, « on a plus l’impression d’un sous-Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) ». Si les soignants sont libres, insiste-t-elle, « il serait sans doute plus intéressant qu’ils se tournent vers l’évaluation de l’innovation organisationnelle par exemple, qui pourrait apporter beaucoup à des équipes de recherche pluriprofessionnelle ». Et de regretter que « la spécificité des professions paramédicales » ne ressorte pas dans les intitulés des projets sélectionnés. D’ailleurs, l’un des porteurs de projet est médecin.
Cécile Almendros