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Sur la toile, se développe un réseau d'entraide entre professionnels de santé. Les infirmières, en particulier les libérales, y trouvent conseils et soutien.
#doctoctoc : c’est ainsi que les professionnels de santé, ou de simples patients, signalent une question à caractère médical sur Twitter, qui compte 2,3 millions d’abonnés en France. Limité à 140 signes, le tweet circule sur le réseau social de soignants en soignants et trouve souvent une réponse. Par exemple, @sopamaIDE, infirmière dans un centre de santé en région parisienne, a « interrogé Twitter sur le dosage de la troponine en cas d’insuffisance cardiaque chronique. On m’a renvoyée vers l’avis de la Haute Autorité de santé, qui ne le recommande pas. J’ai distribué l’avis autour de moi, y compris aux médecins ». Sur Twitter, @SopamaIDE a également trouvé du soutien dans un moment professionnellement difficile. « J’ai subi un harcèlement moral, j’ai pu m’épancher sur le réseau. J’ai eu le sentiment que mon vécu a été compris. »
#doctoctoc plaquettes 1 000 000 sous hbpm en préventif immobilisation prévue pdt 1 mois. vous continuez les hbpm?
— Doc pépito (@_pepite) 4 Janvier 2016
La majorité des infirmiers utilisateurs de Twitter sont, comme les médecins, des libéraux, qui rompent ainsi leur isolement. Ils y trouvent un groupe de parole pluridisciplinaire : « Il y a moins de clivages professionnels, explique @ragou37, Idel en Indre-et-Loire. On y trouve beaucoup de médecins qui considèrent les infirmiers comme des partenaires. » Pour l'infirmier, le réseau social est même un outil de formation, où il partage ses bonnes pratiques, par exemple cette bouteille graduée d’heure en heure pour aider la personne âgée à boire régulièrement de petites quantités d’eau.Quand tu dois faire boire un patient #InfirmierLaDebrouille pic.twitter.com/GbI7bQ6yX3
— Lauentx Herensuge (@ragou37) 20 Décembre 2015
Lorsque les échanges portent sur des cas cliniques, se pose la question du respect du secret professionnel. @ragou37 ne l’élude pas : « L’anonymat sur Twitter n’est pas suffisant. Je modifie souvent la présentation du cas: je parle d’un homme plutôt que d’une femme, par exemple. Et j’échange des photos en message privé ». Elles sont ainsi adressées à un seul interlocuteur. Des photos, souvent de cas dermatologiques, circulent pourtant régulièrement. @ragou37 assure le faire seulement « si la photo a un intérêt éducatif et avec l’autorisation du patient». Sur Twitter se pose aussi la question de l’identité et des réelles qualifications de l’interlocuteur qui donne un avis médical. « Certaines personnes jouent des rôles. Nous avons longtemps été bernés par un préparateur en pharmacie qui se faisait passer pour un infirmier, dont le statut social est jugé valorisant », confie l'internaute.
Des réseaux sociaux plus sécurisés entre professionnels de santé se développent en parallèle. Par exemple, l’application e-Pansement, créée en 2012 par deux infirmiers, dont Laurent Klein, libéral. Elle propose un module d’aide au diagnostic des plaies et recense les dispositifs médicaux disponibles. Mais depuis fin 2015, l’application, doublée d’un site, propose également « un réseau professionnels d’échanges de photos et de données sur les patients », explique Laurent Klein. Là encore, le réseau est sécurisé et les références des professionnels de santé contrôlées. E-Pansement revendique 16 000 utilisateurs sur son application, qui coûte 2 euros par mois.
Créée par des médecins fin 2014, l’application MedPics (capture ci-dessous) permet d’échanger entre professionnels de santé des photos médicales. Avant d’être partagées, les photos sont vues par Safia Slimani, urgentiste et cofondatrice de MedPics, et si nécessaire floutées par un logiciel de retouche pour que les patients, ou leur intérieur, ne puissent pas être reconnus.