"Trop de situations de conflits interpersonnels s'enveniment à l'hôpital" | Espace Infirmier
 

06/01/2016

"Trop de situations de conflits interpersonnels s'enveniment à l'hôpital"

Le directoire de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris a présenté lundi un plan d'action, suite au suicide en décembre du cardiologue Jean-Louis Mégnien. Sa souffrance au travail était connue des instances, qui veulent tirer des leçons de ce drame.

L’AP-HP est secouée par le suicide d’un cardiologue, Jean-Louis Mégnien, qui s’est défenestré du 7e étage de l’Hôpital européen Georges-Pompidou, le 17 décembre. Ce geste choque profondément mais ne surprend pas les familiers de ce professeur des universités – praticien hospitalier (PU-PH). Depuis 2013, Jean-Louis Mégnien était au centre d’un conflit lié à la succession d’une chefferie de service qui a dégénéré.

Mettre à plat les dysfonctionnements

Loïc Capron, président de la commission médicale d’établissement (CME) de l’AP-HP, s’est personnellement investi sur le sujet, comme il l’a rappelé dans un message adressé le 24 décembre aux membres de la CME. En 2013 et en 2014, il a animé un groupe de quatre PU-PH qui a « rencontré Jean-Louis (Mégnien) et cherché avec lui des solutions pour remédier à sa souffrance au travail. Celle que nous avons mise au point avec lui consistait à l’extraire du Centre de prévention des maladies cardiovasculaires pour lui donner la possibilité d’exercer sa spécialité dans une structure rattachée au département de cardiologie ». Le suicide de Jean-Louis Mégnien signe le douloureux échec de cette tentative de médiation. De retour à l’HEGP le 14 décembre, après 9 mois d’arrêt de travail, il n’a pas pu entrer dans son bureau, dont la serrure a été changée.

Le directoire (http://www.aphp.fr/directoire) de l’AP-HP, qui entoure le directeur général Martin Hirsch, s’est réuni le 4 janvier. Dans un communiqué, il affirme « sa volonté pleine et entière que soient tirées toutes les conséquences de ce drame ». Une commission d’analyse des suicides a été mandatée et doit « mettre à plat les dysfonctionnements au sein de l’hôpital européen Georges-Pompidou ». Plus largement, le directoire regrette que « trop de situations de conflits interpersonnels s’enveniment à l’hôpital et nuisent durablement à la qualité des soins et à la qualité de vie au travail ».

Limiter la durée des mandats de chef de service

Le directoire détaille ensuite son plan d’action. En matière de prévention, il prévoit de : « mieux prendre en compte les compétences managériales avant d’investir des praticiens de responsabilité », « mieux définir les responsabilités managériales qui incombent aux chefs de service et aux chefs de pôle », « entourer les procédures de nomination des chefs de service de davantage de garanties d’objectivité », « rétablir une durée limitée au mandat de chef de service », « renforcer la médecine de travail », et enfin « repenser la fonction ressources humaines pour les médecins».

Le directoire veut également améliorer « la détection et le traitement des situations conflictuelles » en mettant en place « un dispositif d’identification des situations à risque dans chaque groupe hospitalier », en se dotant « d’un vivier de personnes susceptibles d’intervenir en mission d’audit », et si nécessaire « faire appel à une médiation externe ». Des interventions qui devront être « suivies de décisions ».

Plainte pour homicide involontaire

En parallèle, la justice a ouvert une enquête préliminaire suite à la plainte pour harcèlement moral déposée par la veuve de Jean-Louis Mégnien, récemment élargie au chef d’homicide involontaire. Les membres du directoire « se tiennent à la disposition des enquêteurs » et appellent « tous ceux qui ont pu être concernés, impliqués ou informés, à faire de même », dans une démarche de « transparence ».

Caroline Coq-Chodorge


Les dernières réactions

  • 12/01/2016 à 20:29
    L'oursone
    alerter
    De la poudre aux yeux toutes ces soi disant mesures. Juste pour être dans les clous au regard de la loi sur les risques psycho-sociaux.
    Les situations de harcèlement sont monnaie courante dans les hôpitaux, quelque soient les grades et ça ne dérange pe
  • 14/01/2016 à 10:35
    Alartraite
    alerter
    D'accord avec l'oursone, poudre aux yeux et pour avoir travaillé des années durant dans cet hôpital, ce tragique événement n'est que la partie émergée de l'iceberg, les conflits sont légions quelques soient les métiers, le grade, le statut, la fonction !

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