L'obligation vaccinale en question | Espace Infirmier
 

13/01/2016

L'obligation vaccinale en question

Face aux inquiétudes de la population sur les éventuels effets secondaires des vaccins et aux doutes quant à l'intérêt même de la vaccination, la ministre de la Santé lance une grande concertation citoyenne.

Des vaccins obligatoires et d'autres non, un calendrier illisible, des professionnels de santé désarmés, des ruptures de stock ingérables... et une méfiance qui se propage. La politique vaccinale ne peut plus se contenter d'un statut quo. C'est le constat dressé par Sandrine Hurel, ancienne députée PS, dans son rapport remis à la ministre de la Santé. S'appuyant sur les 20 recommandations émises, Marisol Touraine a annoncé ce 12 janvier un plan d'action visant à « renforcer la confiance » des professionnels et des patients vis-à-vis de la vaccination.

« Le taux de couverture vaccinale de la grippe a chuté de 13 points depuis 2008, pour atteindre un peu plus de 50 % chez les personnes de plus de 65 ans. L'épisode de la grippe H1N1 a marqué une rupture », déplore la ministre. Autre sujet de « préoccupation » : la très faible couverture vaccinale du papillomavirus humain (HPV) – 20 % chez les jeunes filles de 16 ans –, victime de la controverse sur les risques de survenue de maladies auto-immunes associés aux vaccins Gardasil et Cervarix.

Vaccins obligatoires ou recommandés, une source de confusion

La France n'est pas dans une situation « critique », rassure la ministre : le taux de couverture des vaccins obligatoires (diphtérie, poliomyélite, tétanos) est de 99 % et celui des vaccins recommandés (HIB, coqueluche, hépatite B, pneumocoque) est plutôt satisfaisant, à l'exception notable du ROR (rougeole-oreillons-rubéoles) – 74,5 % pour la deuxième dose en 2013 –, et du vaccin contre les infections invasives à méningocoque C – 64 % en 2014. Mais comment expliquer que de nombreux autres pays aient de meilleurs résultats sans avoir recours à l'obligation ? « La coexistence de vaccins obligatoires et de vaccins recommandés nuit à la compréhension de la politique vaccinale et alimente le doute », reconnaît Marisol Touraine. À l'instar de Sandrine Hurel dans son rapport, la ministre refuse cependant de se prononcer sur la levée de l'obligation vaccinale. « Si toute seule, parce que je suis ministre, je disais “je supprime l'obligation vaccinale”, je suis certaine que dans les mois qui viennent, le taux de couverture vaccinale diminuerait significativement », affirme-t-elle.

Une grande concertation citoyenne en ligne sera donc lancée en mars, sous l'égide d'un comité d'orientation « indépendant » présidé par Alain Fischer, professeur en immunologie pédiatrique et titulaire de la chaire « Médecine expérimentale » au Collège de France. Les contributions des internautes seront analysées par trois jurys composés d'experts scientifiques, de citoyens et de professionnels de santé, dont les avis seront rendus en octobre. Au terme de la consultation, en décembre, le comité d'orientation formulera des propositions d'évolution de la politique vaccinale.

Outre l'obligation vaccinale, la question de l'accès à la vaccination pourra être soulevée : « Est-ce qu'il faut que la vaccination soit proposée dans les pharmacies d'officine ? Que des stocks de vaccins soit disponibles chez le généraliste ? », interroge la ministre.

Réunion des professionnels de santé

Le plan d'action annoncé vise également à assurer une meilleure information des professionnels de santé et des citoyens, par la mise en ligne d'un site dédié et par l'expérimentation d'un carnet de vaccination électronique dans cinq régions en mars. La ministre souhaite aussi améliorer les connaissances sur les effets indésirables des vaccins et soutenir la recherche dans ce domaine. Elle a ainsi rappelé que l'Inserm avait été chargée d'une étude sur les adjuvants aluminiques à sa demande. Enfin, un axe du plan consistera à lutter contre les tensions d'approvisionnement de vaccins.

« Les professionnels de santé de premier recours doivent être pleinement associés ; aujourd'hui, ils se sentent insuffisamment informés », admet la ministre de la Santé, qui a annoncé la tenue de deux réunions par semestre réunissant la direction générale de la santé et les représentants des professionnels de santé, ainsi que leur ordre.

Aveline Marques

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