Edmonde Charles-Roux en 2011.

26/01/2016

PORTRAIT

Edmonde Charles-Roux, de l’infirmière à la résistante

Femmes de lettres et de combats, Edmonde Charles-Roux s’est éteinte le 20 janvier dernier, à 95 ans. Retour sur son engagement lors de la Seconde Guerre mondiale.

Née dans une famille de la haute bourgeoisie provençale, Edmonde Charles-Roux, fille d’ambassadeur, est élevée dans le culte du service public. Elle assiste adolescente à la montée du fascisme alors que son père est en poste à Rome. En 1938, elle a 18 ans et décide de devenir infirmière, pour qu’ « au cas où la guerre éclate, nous soyons utiles à quelque chose ». Elle suit une formation intensive de neuf mois auprès de la Croix-Rouge. Bien classée à son concours de sortie, elle se porte volontaire pour être affectée auprès de la Légion étrangère à Verdun. Elle s’y rend dans la voiture de sa meilleure amie, qui vient d’obtenir son permis de conduire. Intégrée à une équipe médicale, elle attend les combats dans une ambulance lourde. L’offensive allemande est fulgurante. En mai 1940, un avion allemand bombarde l’hôpital de campagne où la jeune infirmière est cantonnée.

Clinique clandestine

Après la débâcle de juin 1940, Edmonde Charles-Roux retrouve sa maison familiale à Marseille, où ses proches accueillent des réfugiés fuyant l’Europe nazie et qui sert de cache d’armes pour la Résistance. Disposant d’un véhicule de la Croix-Rouge et de bons d’essence, elle effectue des transports clandestins pour une cellule internationale combattant dans les rangs de la Résistance. Elle participe au réseau résistant, permettant à des Juifs de quitter le continent européen en bateau et prodigue ses soins infirmiers dans une clinique clandestine à Marseille.

Une haine du quotidien tranquille

Après le débarquement allié en Provence en août 1944, le général de Lattre de Tassigny la fait entrer dans son état-major. Elle participe à la campagne de reconquête de la France et à la prise de Colmar, particulièrement meurtrière. Elle est promue assistante sociale divisionnaire et emploie sa maîtrise de la langue italienne pour veiller sur des blessés italiens anti-fascistes, engagés dans la Légion étrangère. Elle conservera de cette période des amitiés indéfectibles et une haine du quotidien tranquille. Blessée une seconde fois, en Autriche, elle quitte la Légion étrangère peu de temps après la capitulation allemande.

Est-ce le fait d’avoir suivi l’armée de la Libération avec dans ses légers bagages un exemplaire de Guerre et paix, le célèbre roman de Léon Tolstoï ? Après la guerre, Edmonde Charles-Roux gagnera le monde de la culture et des arts et deviendra romancière dans les années 60. En 1983, elle entrera à l’Académie Goncourt et se battra pour dépoussiérer cette institution littéraire en imposant la création du prix Goncourt des lycéens. Peu de temps avant son décès, elle avait cédé sa place au sein de l’académie à l’auteur Éric-Emmanuel Schmitt.

Marie-Capucine Diss

Les dernières réactions

  • 27/01/2016 à 04:53
    Fanny
    alerter
    Lesinfirmières Encolère
    24 janvier,
    Hommage à une femme exceptionnelle, infirmière pendant la guerre et adoptée (à ce titre) par la Légion étrangère, romancière, journaliste et plus que tout : libre au delà des conventions.

À découvrir

Toutes nos formations pour les professionnels de santé.

- Gestes & soins d'urgence
- Douleurs
- Management
- Droit & éthique
- SST
- Santé mentale & handicap


Télécharger le catalogue
Feuilleter le catalogue