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Alors qu’un Français sur trois souffre d’une allergie, la formation des allergologues est touchée de plein fouet par la réforme du 3ème cycle des études médicales.
Allergologue, un métier voué à disparaître ? C’est dans tous les cas l’inquiétude exprimée par le Syndicat français des allergologues (Syfal). Alors qu’un Français sur trois souffre d’une ou plusieurs allergies, la France compte 1 200 professionnels, soit un praticien pour 15 000 patients. « D’ici 2020, il ne restera plus que 1 000 allergologues, et seulement 5 % d’entre eux auront moins de 44 ans», estime le docteur Isabelle Bossé, présidente du Syfal.
Pour cette professionnelle en exercice à la Rochelle depuis 1984, la réforme en cours du 3ème cycle des études médicales est en cause. « Elle va faire disparaitre les formations actuelles menant à l’allergologie pour laisser place à des diplômes universitaires (DU) ne donnant pas droit à qualification, précise-t-elle. Ce que nous souhaitons, c’est que l’allergologie devienne une spécialité grâce à la mise en place d’un Diplôme d’études spécialisées (DES) d’allergologie, obtenu à la suite d’un cycle d’internat. » Un souhait compréhensible mais qui semble être passé à la trappe, à en croire la lecture de la liste des DES pour la rentrée universitaire 2017 (1).
Pourtant, les chiffres devraient alerter. En quarante ans, la proportion de personnes allergiques en France a été multipliée par cinq, touchant aujourd’hui près de 18 millions de Français. « L’allergie fait parfois encore rire, regrette Isabelle Bossé. Or, c’est une maladie plurifactorielle et complexe avec un potentiel évolutif. Elle peut même être grave, parfois mortelle. Le temps de prise en charge est un frein car plus on attend, plus la pathologie s’aggrave.»
Aujourd’hui, 30 % de la population est concernée par les pathologies allergiques, contre 3,8 % en 1968. Sur ces 30 %, 70 % souffrent d’allergies respiratoires comme l’asthme, 12 à 15 % d’allergies cutanées (20 % chez les enfants de moins de 7 ans avec les dermatites atopiques), 8 % d’allergies alimentaires (20 % chez les moins de 7 ans), 7 à 8 % d’allergies médicamenteuses, et 1 à 3 % d’allergies aux venins.
Et c’est sans compter le coût pour la collectivité. On estime que l’asthme est responsable à lui seul de sept millions de journées d’arrêt de travail par an. « La réforme en cours va nous priver d’une prise en charge globale du patient alors que l’allergie est une pathologie à multiples facettes qui a souvent des retombées sur plusieurs organes », argumente la présidente du Syfal. Des discussions sont toujours en cours afin que les allergologues fassent entendre leur requête.
Isabel Soubelet
1 - À compter de l’année universitaire 2017/2018, les étudiants de première année de troisième cycle des études de médecine s’inscriront à l’un des diplômes d’études spécialisées (DES) dont la liste est fixée dans l'arrêté du 13 novembre dernier.