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HÔPITAL PUBLIC
Le think tank iFRAP (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques) vient de publier un premier "palmarès de l’absentéisme" dans les CHU-CHR. Les données issues des bilans sociaux 2013 de trente établissements ont été analysées.
La palme d’or de l’absentéisme revient au CHU de Lille, avec 30,99 jours d’absence en moyenne (1) tous personnels et toutes causes confondus (2) en 2013. Suivent le CHU de Rouen (30,94 jours) et le CHU d’Amiens (29,37). Le meilleur score est celui du CHU de Limoges (21,35 jours), suivi de près par les CHU de Caen (21,69) et de Nîmes (22,49). Ces résultats sont « très similaires », selon l’iFRAP, à ceux de l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (Atih), et ce « malgré les données ou éléments manquants ». Ainsi, l’Assistance publique-hôpitaux de Paris n’a pas livré le détail de son bilan; on ne peut que constater que le taux d’absentéisme global pour 2014 s’établit à 8,52%.
On remarque dans cette étude l’écart manifeste entre les personnels médicaux et les personnels non médicaux. Pour le CHU d’Amiens par exemple, le personnel médical cumule en moyenne 12,96 jours d’absence toutes causes confondues, contre 30,82 pour le personnel non médical. Ce qui place le CHU d’Amiens dans le peloton de tête des mauvais élèves. Un écart qui pourrait s’expliquer par le « vieillissement de la population soignante », la « forte féminisation » (congés maternité) mais également au fait que dans l’onglet « personnel non médical », se retrouvent à la fois le personnel soignant mais aussi le personnel dit « logistique et technique » (brancardiers, ambulanciers, etc.), particulièrement exposés.
L’iFRAP s’est également procuré auprès de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) une partie des données concernant les cliniques pour 2014. On remarque moins d’absentéisme dans le privé que dans le public, même si la différence n’est pas flagrante : le ratio moyen est de 24,4 jours d’absence par salarié et par an, contre 26,27 dans le secteur public.
À l’hôpital, « l’organisation du temps de travail est figée depuis 2002 [mise en place des 35 heures, NDLR], alors que les prises en charge ont évolué et que, par nature, l’hôpital a besoin de souplesse dans son organisation. De fait, les professionnels subissent une grande variabilité dans leur planning, source d’insatisfaction et d’usure, et ne peuvent prendre leurs RTT qui viennent alimenter soit des CET [comptes épargne-temps, NDLR], soit des comptes d’heures dues (dette sociale). Ainsi les questions d’absentéisme, d’organisation et de temps de travail, de RTT et de CET sont très liées à l'hôpital public », analyse l’iFRAP.
De manière générale, 20% de l’absentéisme serait imputable à la parentalité, 30% aux maladies de longue durée ou accidents du travail/maladies professionnelles et 50% aux maladies ordinaires. Pour le think tank, « l'enjeu est donc de tout mettre en place pour que l'absentéisme pour maladie ordinaire, celui qui a un fort impact sur l'organisation du travail, soit limité ; pour cela, il est indispensable de revenir sur la suppression du jour de carence. (…) Les employeurs publics se plaignent également de l'absentéisme de courte durée comme symptôme du désengagement des agents ». Cette étude est un outil de travail pour lutter contre l’absentéisme. Reste à savoir ce qui depuis 2013 a été mis en place… ou pas.
Marie Lithomme
1- Calcul : nombre de jours d’absence x quotité (hors congés, RTT, repos hebdo et hors absence pour formation et autres autorisations d’absences) / (ETP moyen n x 365)
2- Motifs médicaux (maladie ordinaire, longue maladie/longue durée, accident de travail/trajet, maladie professionnelle) et non-médicaux (maternité, paternité, adoption).