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ÉTUDE
Le British Medical Journal vient de publier une étude démontrant les corrélations entre le nombre de travailleurs de santé et la mortalité des patients dans les hôpitaux. Conclusion assez évidente : il faut renforcer les équipes infirmières.
Le nombre d'infirmières dans un service hospitalier influe de manière drastique sur la mortalité des patients. C'est la conclusion d'une étude réalisée par l'Université de Southampton, et publiée en février sur le site du British Medical Journal. Venant renforcer plusieurs études précédentes, elle montre que dans les établissements où les infirmières gèrent chacune six patients ou moins, la mortalité est inférieure de 20% à ceux où les infirmières doivent s'occuper de dix patients ou plus.
L'équipe du Professeur Peter Griffiths, directeur des recherches sur les services de santé de l'Université de Southampton, s'est également penchée sur l'incidence du nombre de médecins et de personnels soignants auxiliaires. A l'image de leurs observations sur les infirmières, les chercheurs relèvent que plus un médecin doit gérer de patients, plus les taux de mortalité croissent. A contrario, dans les hôpitaux ayant choisi d'augmenter le ratio de personnels moins qualifiés, la mortalité des patients grimpe également. L'étude montre donc que la charge, ou la surcharge, de travail influe sur la qualité des soins mais aussi que le niveau de compétence des soignants impacte directement les chances de survie des patients.
Dans le communiqué accompagnant la publication de l'étude, le Professeur Peter Griffiths avertit : "nous n'avons trouvé aucune preuve attestant qu'augmenter le nombre de personnels soignants auxiliaires permettait de réduire les taux de mortalité à l'hôpital. Certaines de nos observations suggèrent le contraire. Une politique de remplacement des infirmières diplômées par du personnel auxiliaire pourrait menacer la sécurité des patients." Sortant quelque peu de sa réserve scientifique, l'équipe universitaire se montre virulente envers les politiques publiques. Jane Ball, chargée de recherche principale à l’Université de Southampton, regrette ainsi : "les patients ne devraient pas avoir à payer le prix de soins donnés par des soignants moins compétents et moins éduqués uniquement pour palier l'incapacité du système à assurer un nombre suffisant d'infirmières diplômées." Un choix de société.
Cécile Bontron