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Pour résorber leurs listes d’attente, les autorités de santé britanniques du Kent misent sur les soignants français. Après l’agrément qui autorise les patients anglais à se faire opérer à Calais et Berck-sur-Mer, elles réfléchissent à faire venir les équipes françaises sur place.
Les autorités de santé du Kent (Royaume-Uni) réfléchissent à faire travailler des équipes médicales - incluant infirmières et médecins - du CH de Calais directement dans leurs établissements. C’est un communiqué de presse du porte-parole du Clinical commissioning group - l’autorité qui décide quels services publics de santé sont accessibles aux habitants - de la commune de Medway qui l’a annoncé, le 10 avril.
En effet, les hôpitaux de la région afficheraient actuellement une liste d’attente de quelques 10 000 personnes pour des interventions chirurgicales programmables. Dans le Kent, près de 30 % des patients doivent attendre plus de 18 semaines pour subir une ablation de la vésicule ou une pose de prothèse de genou.
Le déplacement d’équipes médicales est l'une des pistes envisagées. « La décision ne sera prise que si les partenaires s’accordent sur le fait qu’il s’agit d’une solution améliorant l’évolution du patient, réaliste et plus économique que l’envoi de patients en France », nuance le communiqué.
Depuis peu, deux établissements français sont en effet agréés par le National Health Service (le service public de santé britannique) pour des interventions chirurgicales ou orthopédiques, mais également ophtalmologiques ou en oto-rhino-laryngologie. Le 14 avril, le CH de Calais accueillait ainsi son premier patient pour une ablation de la vésicule biliaire.
« L’agrément étant valable au niveau national, des patients originaires de tout le territoire britannique peuvent désormais être opérés à Calais ou Berck-sur-Mer », précise Thadée Ségard, de la société de consultants French Deals. Cette entreprise, qui œuvre depuis plusieurs années en faveur des échanges transfrontaliers avec le Kent, comté situé en vis-à-vis du Calaisis, a accompagné les discussions entre les deux parties durant deux ans, ainsi que le travail sur l’adaptation de l’accueil du CH calaisien à des patients anglophones (traduction du livret d’accueil, de la signalétique, etc.).
Le CH de Calais espère de cette nouvelle collaboration, entièrement financée par le NHS (hormis les frais de transport, à la charge du patient), un complément de revenus de l’ordre d’un million d’euros annuel. Chaque année, quelques 400 Britanniques pourraient y être pris en charge sans difficulté. L’établissement, rénové en 2012, serait en effet sur-capacitaire, comme le confiait récemment son directeur à 20 minutes : « Nous assurons 6000 interventions par an et nous pourrions monter à 9000, l’afflux de patients anglais n’aura donc aucun effet sur le délai d’attente pour les Français.»
Il n’a cependant pas souhaité s’exprimer sur l’hypothèse d’un envoi de ses équipes outre-Manche.
Quant à l’ARS Nord-Pas-de-Calais, elle a indiqué ne pas être intervenue sur l’un ou l’autre de ces dossiers.
Sandra Mignot