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S'ils n’ont pas tous exactement la même approche de l’hospitalisation à domicile, les représentants des infirmières libérales ont néanmoins montré un front uni lorsqu’ils ont été auditionnés, mardi et mercredi, par la Mission d’évaluation des comptes de la Sécurité sociale (MECSS) de l’Assemblée nationale.
Les députés experts des questions santé ont débuté leurs travaux sur la HAD début février et ils se sont déjà rendus sur leur terrain. « La HAD connaît des freins dans son développement alors que les patients ont envie d’être soignés à domicile, ce qui est d’ailleurs plus efficient, a souligné la rapporteure de la mission, Joëlle Huillier, députée socialiste de l’Isère. On a l’impression que les patients sont parfois trop légers pour être pris en charge en HAD et que, dans le même temps, d’autres suivis par des Ssiad (1) sont trop lourds. »
Un constat qui a permis aux représentants de la profession de faire valoir leur rôle. « La HAD a du sens quand elle se substitue à l’hospitalisation conventionnelle, a rappelé Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers. Mais la HAD ne doit pas être la porte de sortie de l’hôpital. »
Une préoccupation rencontrée par de nombreuses infirmières libérales a pu ainsi être mise en lumière : la captation de patientèle. « Il y a des témoignages de patients qui n’ont pas eu d’autre choix pour sortir de l’hôpital que de passer par la case HAD », a raconté Jean-Yves Garnier, trésorier de l’Ordre des infirmiers (ONI).
Ainsi, unanimement, les représentants des Idel ont insisté sur la nécessité de poser les bonnes indications d’une HAD. Ghislaine Sicre, présidente de Convergence infirmière, a présenté les résultats d’un questionnaire adressé aux adhérents du syndicat : 252 infirmières libérales seulement sur 1800 répondantes ont affirmé que la HAD a été nécessaire pour l’un de leur patients en raison de la technicité d’un soin ou du besoin d’un matériel spécifique. « Mais parfois la HAD est utilisée pour faire des pansements pas forcément complexes, du nursing, ou même la préparation de pilulier », a-t-elle donné en exemple.
Un quart de l’activité de HAD se rapporte effectivement à des pansements complexes. « Or c’est un champ d’intervention qui relève de la compétence des Idel, a insisté Yann de Kerguenec, directeur juridique de l’ONI. La HAD peut éventuellement être utile pour des pansements complexes si le soin nécessite l’intervention de plusieurs personnes. Mais c’est rarement le cas. »
La question de la coordination infirmière a également été abordée. « Les Idel ont toujours fait de la coordination, même si ce n’est pas toujours visible car ce n’est pas facturé », a indiqué Elisabeth Maylie, présidente de l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux (Onsil).
Enfin, les députés se sont également intéressés au partage des rôles avec les Ssiad. « Il arrive très souvent que des patients pourraient très bien être pris en charge par des Ssiad d’un point de vue médical, a répondu Jean-Yves Garnier. Mais ce n’est pas possible sur un plan financier car le coût de la prise en charge dépasse le prix de journée. »
Le rapport de la MECSS sur la HAD est attendu au début de l’été.
Véronique Hunsinger
1- Ssiad: Service de soins infirmiers à domicile.