14/06/2016

Les syndicats dénoncent un déni de compétence des infirmières libérales

Le Sniil, l’Onsil et Convergence infirmière s’insurgent contre le projet de formulaire de prescription de perfusions à domicile, qui risque d’exclure les infirmières libérales de la prise en charge des patients complexes au profit de la HAD.

« Depuis début mai, la profession infirmière libérale fait l’objet d’attaques incessantes de la part des institutions de notre pays », s’insurge John Pinte, vice-président du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil). Dans un communiqué diffusé début juin, le Sniil dénoncent des attitudes répétées qui reflètent une remise en question des compétences des infirmières libérales. «C’est le cas du déremboursement des prescriptions infirmières en matière de perfusion depuis le 1er mai 2016», souligne-t-il (voir L'Infirmière libérale magazine daté d'avril 2016).

La petite phrase qui fâche

De plus, le projet de formulaire de prescription de perfusions à domicile mentionne qu’un patient qui nécessite des soins complexes et multidisciplinaires relève « exclusivement » de l’hospitalisation à domicile (HAD). « Les critères d’inclusion ne sont pas assez précis », relève John Pinte, « cette définition peut s’appliquer à tout patient sous perfusion et ouvrir encore plus la porte du domicile à la HAD au détriment des professionnels libéraux ». Le syndicaliste prend comme exemple les patients atteints de cancer qui pourraient tous être considérés comme complexes. Ou encore les patients en soins palliatifs « pour lesquels les équipes de proximité fonctionnent bien ». « L’HAD n’est indispensable que lorsque les équipes infirmières du domicile ne sont plus en mesure de prendre en charge le patient. Une situation à évaluer au cas par cas plutôt que de mettre en place de facto une HAD dès la sortie de l’hôpital. »

« Serait-ce une astuce pour imposer l’HAD qui ne remplit pas ses objectifs de déploiement ? », interrogeait Convergence infirmière sur son site début mai, dénonçant « l’éviction des infirmières libérales pour une formule tout structure beaucoup plus chère pour la collectivité ». Même indignation du côté de l’Organisation nationale des syndicats d'infirmiers libéraux (Onsil). Dans un article publié le 10 juin sur son site, le syndicat demande le retrait de cette petite phrase « qui pourrait bien fermer définitivement la porte à la prise en charge des patients lourds et complexes » par les Idel, et qui a été imposée « sans aucune concertation syndicale ni processus législatif démocratique ».

Les délégués de l’Assurance maladie ne sont pas les bienvenus

Les nouvelles modalités de la perfusion à domicile ne sont pas seules responsables de la colère qui monte chez les infirmières libérales. Le vice-président du Sniil voit dans le projet d’« Aide à la prescription du pansement primaire pour plaie chronique » de l’Assurance maladie « un véritable déni de l’expertise des infirmières libérales»« Des délégués de l’Assurance maladie (DAM) vont venir dans les cabinets infirmiers et médicaux pour expliquer aux professionnels de santé comment prendre en charge des plaies chroniques. Alors que la prise en charge d’une telle plaie sous-entend une connaissance de l’état général du patient pour laquelle l’infirmière libérale reste la mieux placée ». Selon l’Onsil, ces conseilleurs auraient pour mission de diffuser la recommandation de la Haute autorité de santé. « Pour la HAS, la fréquence du renouvellement des pansements ne devrait jamais être inférieure à deux jours », rapporte le syndicat sur son compte Twitter. « Les quatre syndicats s’opposent catégoriquement à l’intervention des DAM pour dicter des pratiques qui relèvent de nos compétences. »

Aveline Marques et Thierry Pennable

Les dernières réactions

  • 14/06/2016 à 11:50
    solange granier
    alerter
    ET SI CETTE SITUATION ÉTAIT LA CONSÉQUENCE DE LA GUERRE QUE SE LIVRENT LES SYNDICATS IDEL AU DÉTRIMENT DES ... IDEL ???

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