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La Société française d’hygiène hospitalière (SF2H) publie un document rassemblant et actualisant les recommandations concernant la préparation cutanée des gestes invasifs sur peau saine chez l'adulte.
La France est le seul pays qui réalise systématiquement une détersion de la peau préalable à l’application d’un antiseptique avant un acte invasif. Les nouvelles recommandations (1) publiées par la SF2H portent un coup au dogme de la préparation cutanée «en quatre temps», déjà remis en question dans le contexte opératoire en 2013.
«Le nettoyage de la peau avec un savon doux avant antisepsie est recommandé uniquement en cas de souillure visible», affirme la SF2H, qui précise que cette recommandation est désormais « valable pour tous les actes invasifs (abords vasculaires, abords nerveux, préparation cutanée de l’opéré) » sur «peau saine, hors muqueuse et non lésée ». Sur peau « visiblement propre », l’antiseptique peut être appliqué directement.
La société savante tire les conclusions d’une récente étude française -CLEAN- menée en réanimation par Olivier Mimoz (CHU de Poitiers) (2). « C’est la grande étude qu’on attendait pour appuyer un faisceau d'arguments issus de plus petites études. Elle montre que la détersion ne change rien en terme de risque infectieux », développe Bruno Grandbastien, médecin hygiéniste au CHRU de Lille et pilote du groupe de travail.
Quant au choix de l’antiseptique utilisé, là encore la SF2H s’appuie sur l’étude CLEAN pour recommander « fortement » l’usage de la chlorhexidine (CHX) à 2% pour les abords vasculaires, « en réanimation ainsi que dans tous les autres secteurs ». En revanche, l’examen de la littérature scientifique ne permet pas de privilégier la CHX plutôt que la povidone iodée avant un geste chirurgical. Dans tous les cas, la solution utilisée doit être à base alcoolique et non aqueuse, rappelle la SF2H. « Il était nécessaire d’enfoncer le clou », commente Bruno Grandbastien.
Restent de nombreux « points non résolus », qui méritent de plus amples recherches. « La façon d'appliquer le produit -applicateur ou compresses- peut influencer l'efficacité de l'antisepsie. Il y a matière à explorer le rôle propre de l'applicateur », estime Bruno Grandbastien. Le type d'alcool composant l'antiseptique doit également être questionné. « En France, on utilise l'éthanol, alors que les pays nord-américains privilégient l'isopropanol », relève le médecin hygiéniste.
Si le choix des établissements français se résume souvent à la chloréxidine ou la povidone iodée, « il y a de la place pour d'autres antiseptiques », assure Bruno Grandbastien. Comme l'octénidine, la Biseptine® ou l'hypochlorite de sodium. Enfin, la SF2H attire l'attention sur la problématique de la résistance acquise aux antiseptiques.
Aveline Marques
1- Antisepsie de la peau saine avant un geste invasif chez l'adulte – Recommandations pour la pratique clinique, Hygiènes, mai 2016.
2- Voir l'édition de novembre 2015 de L'Infirmière magazine.