28/06/2016

Travail de nuit : des risques sanitaires avérés

Un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) confirme les effets délétères du travail de nuit sur la santé. Un risque auquel 15,4% des salariés –et 42% des infirmières- sont exposés.

Troubles du sommeil, maladies cardiovasculaires, obésité, diabète … Le rapport d’expertise publié le 22 juin par l’Anses pointe les dangers du travail nocturne. « Le travail en horaires de nuit s’accompagne d’une désynchronisation des rythmes biologiques, sociaux et familiaux, pouvant conduire à des répercussions sur l’état de santé », affirme-t-elle. Saisie en 2011 par le syndicat CFTC, celle-ci a évalué les risques sanitaires pour les professionnels exposés à des horaires atypiques, notamment la nuit (entre 21 h et 6 h, selon le code du travail) et dresse un tableau clinique alarmant:

- Les répercussions sur la somnolence, la qualité et la quantité de sommeil sont avérés.

- Les impacts sur la santé psychique (troubles de l’humeur, dépression, irritabilité…), les performances cognitives, l’obésité, le diabète de type 2 et les maladies coronariennes sont probables.

- Des conséquences sur les dyslipidémies (concentration trop élevée de certains lipides dans le sang), l’hypertension artérielle et les accidents vasculaires cérébraux ischémiques sont possibles.

-Un effet probable sur le risque de cancer. Les perturbations des cycles bioligiques pourraient favoriser l’apparition de cancer du sein.

Plus grande pénibilité

De plus, les salariés en horaires de nuit seraient davantage confrontés aux accidents du travail en raison d’une somnolence accrue et d’une dette de sommeil mais aussi de conditions de travail plus difficiles. « Les salariés qui travaillent de nuit sont généralement soumis à des facteurs de pénibilité physique plus nombreux, une pression temporelle plus forte (horaires, contraintes des rythmes, délais, etc.), des tensions avec leurs collègues ou le plus public plus fréquentes », note le rapport.

Ces résultats prennent d’autant plus de poids que cette forme de travail a explosé ces dernières décennies. Selon la Dares, en 2012, 3,5 millions de personnes travailleraient la nuit, de façon occasionnelle ou régulière, soit 15,4% des salariés. Près de 30% des agents de la fonction publique et 42% des salariés du privé seraient concernés. Aux côtés des policiers, militaires, conducteurs de véhicules et ouvriers qualifiés des industries de transformation, les infirmières et aides-soignantes sont en première ligne (42%).

Maladies professionnelles

Cependant, l’Anses rappelle qu’en vertu du code du travail le recours au travail de nuit doit rester exceptionnel et prendre en compte les impératifs de protection de santé et de la sécurité des travailleurs. Elle préconise ainsi de le réserver aux seules situations nécessitant d’assurer la continuité de l’activité économique et des services d’utilité sociale, comme les hôpitaux. Autres recommandations visant à protéger les salariés : optimiser les modes d’organisation du travail de nuit avec la mise en place d’horaires moins délétères pour le rythme biologique et la qualité du sommeil, ajuster la surveillance médicale des personnes concernées, inscrire au tableau des maladies professionnelles les pathologies liées au labeur nocturne et évaluer les coûts sociaux du travail de nuit au regard des bénéfices potentiels.

Adeline Farge


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