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Les négociations sur l’évolution des compétences des Iade s’achèvent, non sans difficultés. S’ils devraient obtenir plus de latitude au bloc, ils sont en butte à l’opposition des médecins s’agissant de leur intervention en urgence pré-hospitalière.
Le 21 mars dernier, les infirmiers anesthésistes (Iade) défilaient en masse pour obtenir une reconnaissance statutaire et salariale de leurs compétences. Ils sont donc entrés en position de force dans une négociation avec la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) et les représentants des médecins urgentistes et anesthésistes. Le calendrier est tenu : ils sont en passe d’obtenir, dans les textes, une plus grande reconnaissance de leur autonomie de pratique, au bloc comme aux urgences.
« Sur l’anesthésie, nous avons fait de gros progrès, car l’entente est excellente avec les médecins anesthésistes réanimateurs, se félicite Vincent Porteous, de l’Union fédérale médecin infirmières cadres et techniciens (UFMICT) CGT. Les incompréhensions ont été levées : nous ne voulons pas aller vers une profession indépendante, mais autonome, sous la tutelle des médecins anesthésistes réanimateurs. » Les textes réglementaires devraient à l’avenir indiquer que les Iade appliquent non pas un protocole, mais une « stratégie » définie par le médecin anesthésiste. « Cela offre plus de liberté, l’Iade peut adapter la stratégie, en toute autonomie », précise Vincent Porteous.
La participation des Iade au suivi et à l’adaptation dans la prise en charge de la douleur serait également reconnue.
Côté urgences, les discussions ont été bien plus difficiles. Les syndicats infirmiers souhaitaient une prise en charge autonome des soins primaires en Samu-Smur par les Iade, sur le modèle des infirmiers de sapeurs pompiers (9 protocoles infirmiers de soins d’urgence sont en effet reconnus). La DGOS s’est déclarée ouverte à des expérimentations. Mais le principal syndicat des urgentistes, Samu urgences de France, a quitté la table des négociations. « Ils craignent une paramédicalisation du Samu, sur le modèle anglo-saxons, décrypte Bruno Huet, vice-président du Syndicat national des infirmiers anesthésistes (Snia). Les discussions se sont dons arrêtées là. »
La CFDT a décidé de renouer le dialogue, en se déclarant opposée à cette évolution « pour des raisons de sécurité ». « Les équipes de terrain estiment que le risque juridique est trop grand, explique Nicole Peruez, secrétaire fédérale. Mais des expérimentations protocolisées sont possibles, au cas par cas. » Les autres syndicats n’ont pas apprécié cette initiative solitaire : « la CFDT ne se grandit pas », estime Bruno Huet.
L’ensemble des syndicats sont d’accord sur un point : les Iade pourront assurer seuls des transports inter-hospitaliers de patients intubés, ventilés et/ou sédatés. Une dernière réunion doit se tenir rapidement pour dégager un consensus.
Car début juillet doit débuter la deuxième phase de la négociation, qui s’annonce plus difficile encore : le ministère a accepté de revoir la grille salariale des Iade avant la fin de l’année. « Nous voulons être alignés sur la grille des autres fonctionnaires détenteurs d’un master », explique Bruno Huet. Les Iade espèrent, à terme, être payés 500 à 800 euros de plus par mois en fin de carrière.
Caroline Coq-Chodorge