Jérôme Piron (à g.) et Raphaël Varga.
© C. Chausson
Les attentats de janvier et de novembre 2015 ont entraîné une évolution de la prise en charge pré-hospitalière du choc hémorragique. Infirmiers au Smur, Jérôme Piron et Raphaël Varga ont présenté la pratique du damage control, issue de la médecine de guerre, lors du Salon infirmier, fin mai.
« Il y a eu un avant et un après Charlie Hebdo et Bataclan. En France, nous n’avions pas l’habitude des plaies par armes à feu ni de ce nombre de gens atteints de façon cataclysmique », souligne Raphaël Varga. Pour y faire face, la médecine civile a dû se rapprocher des techniques de la médecine militaire. Une pratique ancienne a refait surface : le damage control. Il définit la prise en charge d’une hémorragie majeure en temps de guerre, provoquée par différents mécanismes ayant pour but de tuer ou de faire un maximum de dégâts corporels.
Dans la pratique, le damage control a révolutionné la prise en charge pré-hospitalière en médecine d’urgence civile. Son principe : utiliser des gestes de sauvetage simples et rapides pour stabiliser la victime et la rendre transportable le plus rapidement possible au bloc opératoire. Il s’agit de « stopper l’hémorragie rapidement à l’aide d’un garrot ou de pansements hémostatiques ; de prévenir l’hypothermie par une couverture de survie ; d’assurer un apport suffisant en oxygène », développe Raphaël Varga. Pour lui, « tout repose sur le vecteur secouriste. Les équipes participent à la survie initiale des blessés tout en favorisant leur prise en charge médicale et leur évacuation ».
Pour pouvoir agir rapidement et efficacement, les pompiers et les Smur sont désormais équipés de trousses de trauma damage control, contenant un kit de prise en charge du choc hémorragique avec des garrots et des pansements hémostatiques.
« Depuis les attentats, on a copié le système anglo-saxon du scoop and run », explique Jérôme Piron. «Le patient est pris immédiatement en charge par les services de secours sur place pour aller ensuite le plus rapidement possible vers une structure hospitalière avec des urgences polyvalentes. » L’efficacité de cette technique a déjà été prouvée par les forces spéciales américaines, où « la généralisation du garrot a, sur une même période, fait diminuer la mortalité de 23,3 à 3,5% ».
Carine Chausson