Manifestation parisienne du collectif "Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes" en juillet 2013, suite à une vague de suicides à l'AP-HP.
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Les 13 et 24 juin, la profession a été endeuillée par le suicide de deux IDE, l'un exerçant au CHU de Toulouse, l'autre au GH du Havre. Deux drames qui attirent l'attention sur la dégradation des conditions de travail et la montée des risques psycho-sociaux.
« L'un de nos collègues a mis fin à ses jours sur son lieu de travail, la seconde a laissé une lettre, communiquée par son mari, mettant en cause ses conditions de travail », pointe la Coordination nationale infirmière (CNI) dans une lettre ouverte adressée ce vendredi 1er juillet à Marisol Touraine. Le syndicat alerte à nouveau la ministre de la Santé « au sujet du mal-être des soignants qui s'amplifie dans un contexte de restrictions budgétaires, face à la multiplication des injonctions contradictoires, à la mobilité à outrance, à la polyvalence imposée et aux conditions de travail de plus en plus dégradées ».
Les deux drames du CHU de Toulouse, le 13 juin, et du GH du Havre, le 24 juin, sont en effet intervenus dans un contexte de réorganisation des services, pointée du doigt par les syndicats des établissements. Alors que la gestion actuelle des hôpitaux impose aux agents un exercice « en inadéquation avec les valeurs professionnelles », la CNI dénonce « cette non-assistance à personnels en danger ainsi que l'abandon dont fait preuve la tutelle ». Elle exhorte la ministre de la Santé à sortir de « son mutisme », à « garantir toute la lumière sur les circonstances qui ont concouru aux décès de nos collègues » et à « prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir la survenue d'autres drames ».
De son côté, l'Ordre national des infirmiers estime dans un communiqué daté du jeudi 30 juin que la lutte contre les risques psychosociaux « doit constituer une priorité de la politique hospitalière ». « La communauté infirmière attend vivement de la part des responsables hospitaliers une prise en compte urgente de ces risques, de la nécessité de les anticiper et de mettre en œuvre des mesures fortes de lutte. Comme elle attend aussi aujourd'hui de la part de la ministre chargée de la santé un témoignage d'humanité qui, dans ces moments de profonde tristesse, apporterait un juste réconfort. »
Aveline Marques