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Les vingt postes dédiés exclusivement à l’accompagnement des stagiaires infirmiers font les frais du contrat de retour à l’équilibre financier. Des étudiants ont lancé une pétition.
Manon Campana, étudiante en soins infirmiers, vient de terminer son stage de deuxième année à l'Hôpital Nord (Assistance publique-Hôpitaux de Marseille). L’infirmière tuteur qui la suivait lui a appris qu'elle serait l'une des dernières à bénéficier de son expertise et que, dès la rentrée, il n’y aurait plus de tuteurs infirmiers à l’AP-HM. Dans la foulée, la future infirmière lance une pétition qui témoigne de l'inquiétude des étudiants de l’Ifsi Nord. Rapidement, près de 370 signatures sont rassemblées. Contactée par Espaceinfirmer.fr, la direction de l’Ifsi n’a pas souhaité s’exprimer et évoque une situation « bien plus compliquée » que la simple suppression de postes…
Cette suppression (20 postes au total) fait en effet partie du contrat de retour à l’équilibre financier (Cref) de l'AP-HM, validé par le ministère de la Santé pour combler le déficit de l’institution. Dans ce plan, prévu jusqu’à 2020, la « maîtrise des dépenses » dans l’organisation et les ressources humaines visera surtout à «optimiser les fonctions d’encadrement soignantes et les fonctions soignantes transversales au sein des pôles d’activité (tuteurs de stages, IDE coordonnateur, cadres de santé,…)». À l’horizon 2020, le Cref prévoit près de 37,8 millions d’euros d’économies et 13,5 M € de recettes supplémentaires.
Vingt tuteurs infirmiers suivent plus de 800 étudiants infirmiers par an sur les différents sites de l’AP-HM depuis 2010. « C’est la coordination générale des soins qui avait décidé de mettre ces postes en place suite à la réforme de la formation des infirmiers (2009) pour faire face à la pénurie », explique Éric Audouy, infirmier à l’AP-HM et vice-président de la Coordination nationale infirmière (CNI). Les tuteurs des différents sites de l'AP-HM sont détachés des soins et se consacrent exclusivement à l’accompagnement et au suivi des étudiants, alors qu'ailleurs en général les tuteurs se chargent de cette mission en plus de leurs tâches quotidiennes. « C’était une plus-value pour l’institution et pour les étudiants. » Manon Campana le confirme, « l'infirmier tuteur nous permet d'avoir quelqu’un qui nous encadre du début à la fin de notre stage. Il représente aussi un soutien psychologique et nous facilite la vie en organisant notre parcours de stage à travers différents services. »
La direction des soins de l’AP-HM n’a pas souhaité s’exprimer sur cette suppression de postes. Quant aux tuteurs concernés, ils sont soumis à un devoir de réserve. D’après Éric Audouy, ils ont appris la nouvelle récemment et ont fait état d’un profond dégoût. Le Cref ne prévoyant « pas d’impact sur l’emploi », les infirmiers tuteurs devraient être réaffectés dans différents services de l’établissement.
Sandrine Lana