28/07/2016

JEU VIDÉO

Pokémon : les hôpitaux limitent
le permis de chasse !

Le mot d'ordre est passé. Face à l'engouement pour le nouveau jeu Pokémon Go sorti en France le 24 juillet, plusieurs établissements hospitaliers ont lancé un message aux joueurs : ne venez pas vous amuser au détriment de la tranquillité et de la sécurité des patients.

« Il va falloir réglementer la chasse aux Pokémon à l’hôpital », sourit une aide-soignante bretonne. Entre deux tentatives d’attraper un de ces animaux virtuels. Dans le petit centre hospitalier où elle exerce, « tout le monde
joue
 » à Pokémon Go. « Il nous arrive de jouer avec les patients, confie la jeune femme. Ça détend. » Officiellement disponible en France le 24 juillet, le jeu Pokémon Go est déjà viral. Smartphone à la main, les joueurs sont invités à « parcourir le monde » pour attraper et dresser des Pokémon dispersés de façon aléatoire. Sur les réseaux sociaux, patients comme soignants partagent leur jeu dans les hôpitaux. Classique, à l’ère des smartphones.

Mais les apprentis dresseurs peuvent créer des attroupements là où se trouve une créature à attraper. Alors à l’image de certains hôpitaux étrangers, plusieurs établissements français ont décidé de réglementer la chasse dans leurs murs. Comme à Nancy ou à La Rochelle, ils invitent les dresseurs à jouer ailleurs. Souvent avec humour ! L’Hôtel-Dieu (AP-HP) indique ainsi, sur son compte Twitter, ne pas recueillir de créatures virtuelles, puisque « les Pokémon sont en pleine forme ». Le CHRU de Lille, lui, annonce : « pas de PikaCHRU et compères », en référence au personnage du jeu. Il s’est également adressé aux joueurs dès le 22 juillet - avant la sortie officielle donc - alors que les fans jouaient déjà via des versions étrangères : « Il y a des Pokéstop (1) près de l’hôpital, on veut éviter que des joueurs entrent seulement pour jouer. » Prévention aussi au centre hospitalier de Moulins-Yzeure (Auvergne), qui « s’engage pour la protection des Pokémon mais surtout de ses patients ». Le personnel a ainsi découvert que l’application a placé « une arène (2) dans l’enceinte de l'hôpital, devant une ancienne église. Le jeu fait partie de la vie, mais l’hôpital n’est pas un terrain. Il y a des arènes ailleurs. » Dans le Sud-Ouest, c’est peut-être d'ailleurs une arène qui a attiré des jeunes joueurs dans le parc d’un hôpital, en pleine nuit... rapidement chassés par la sécurité.

Une distraction bienvenue

Mais réglementer la chasse Pokémon Go ne signifie pas l’interdire. En effet, les hôpitaux ne peuvent empêcher l’application de dissimuler des petits monstres dans leurs murs. Dans le Michigan, un hôpital pédiatrique s’est saisi du phénomène en organisant une chasse aux Pokémon pour le plus grand bonheur de ses jeunes patients. Estimant que la distraction est toujours bienvenue pendant une hospitalisation. « Je vais dans les couloirs et je rencontre d’autres personnes. Je m’ennuie moins qu’en restant dans le lit », explique Anne-Sophie, hospitalisée pour quelques jours. Les médecins ne sont également pas en reste : « J’en ai attrapé plusieurs dans le service, s’amuse Romain, chirurgien dans un hôpital du centre de la France. Mais je me suis vu demander à un patient de se reposer avant de chasser dans le couloir. »

Pokémon Go, bon pour la santé ?

Tandis que certains pointent le risque de conduite addictive avec Pokémon Go - comme plusieurs autres jeux -, d’autres avancent qu’il peut être bénéfique pour la santé. Et depuis sa sortie le 6 juillet aux États-Unis, le jeu questionne sur d’éventuels bénéfices psycho-sociaux. Matt Hoffman, professeur au Texas A&M College of Nursing, parle du sentiment d’appartenance qui réunit les joueurs. Il explique également la naissance d’interactions sociales car les Pokémon, Pokéstop et arènes sont placés au même endroit pour tous les joueurs, créant des lieux de rendez-vous. Pokémon Go impose également de (beaucoup) marcher. Impossible de chasser un Pokémon trop éloigné, ou de profiter d’un Pokéstop situé au bout de la rue : il faut aller sur place. « Motiver les joueurs à sortir de chez eux et être récompensé en attrapant des Pokémon, c'est une forme de thérapie comportementale », avance même, sur Radio-Canada, Lucas Clark, professeur de psychologie à l'Université de la Colombie-Britannique. S’il ne suffit pas de chasser des Pokémon pour guérir d'une dépression, un loisir non sédentaire et interactif est toujours bon à prendre.

Cécilie Cordier

(1) Lieu de rendez-vous matérialisé dans le jeu, où les joueurs récupèrent de quoi attraper des animaux virtuels.
(2) Arène virtuelle dans laquelle les joueurs font combattre leurs animaux afin d’évoluer dans le jeu.

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