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La Fédération nationale des infirmiers (FNI) présentait jeudi 8 septembre son label qualité. Cette initiative vise à promouvoir la culture qualité chez les infirmières libérales tout en valorisant leur exercice, dans un contexte de « forte concurrence ».
« Ce sont les mots qui existent, ce qui n'a pas de nom n'existe pas » (1). Accessibilité, continuité des soins, coordination, efficience, sécurité... Ces qualités sont inhérentes à l'exercice infirmier libéral. « Mais on finit par ne plus les voir, alors qu'elles font parfois défaut à d'autres professions de santé », relève Philippe Tisserand, président de la FNI. Pour asseoir la légitimité et la reconnaissance des infirmières libérales face aux « concurrents » que sont les établissements d'hospitalisation à domicile, les Ssiad et les centres de santé, le syndicat vient de lancer un label qualité, comme il en existe en Suisse pour les infirmières indépendantes.
« Qual'Idel » se présente sous la forme d'une charte formalisant les pratiques des infirmières libérales. En y adhérant, ces dernières s'engagent dans une démarche d'amélioration de qualité, qui se traduit par une auto-évaluation annuelle et un audit ponctuel (2) réalisé par le cabinet Carron Consultants, qui accompagne déjà les pharmaciens d'officine dans une démarche similaire.
Introduite à l'hôpital à la fin des années 1990 en France, l'évaluation de la qualité fait en effet son chemin en ambulatoire : pharmaciens, prestataires de santé à domicile, laboratoires de biologie médicale... L'exemple de ces derniers a « échaudé » la FNI : « On a fait le choix en France d'imposer un système d'agrégation industriel à une activité de santé, pointe Philippe Tisserand. Les coûts sont rédhibitoires pour les petits laboratoires, qui disparaissent. La volonté politique était clairement d'opérer un regroupement. »
Le syndicat a donc préféré prendre les devants en initiant une démarche qualité élaborée par la profession : une dizaine d'Idel représentant la pluralité de l'exercice libéral ont planché durant 6 mois sur ce tout premier référentiel de pratiques en libéral. Quatre-vingt-sept items ont été listés, répartis en « six activités essentielles » : organiser son exercice, accueillir les patients, réaliser les soins infirmiers, assurer la continuité des soins, facturer et assurer la formation continue. À chaque item, correspond un (ou deux) « document preuve » : code de santé publique, convention contractuelle, publication de la Haute Autorité de santé ou encore outils mis à disposition par la FNI (livret d'accueil, grille de satisfaction, dossier de soins infirmiers, fiche AES, courrier type de signalisation d'une situation de maltraitance...). Un rappel des bases qui n'est pas inutile, car la formation initiale prépare peu à l'exercice libéral.
Il ne s'agit pas d'imposer de nouvelles contraintes aux professionnelles, insiste le syndicat, mais de formaliser ce qui est déjà fait par la majorité des Idel. « On peut se dire que c'est du b.a.-ba, mais la plus-value, c'est que c'est noté. Ça permet de se poser des questions », ajoute Valérie Auzou, du cabinet Carron Consultants. Pas question, non plus, de sanctionner les mauvais élèves, mais au contraire d'entraîner les professionnels dans une démarche vertueuse d'amélioration. Ils pourront comparer leurs résultats d'année en année.
Sept cents Idel -adhérents FNI ou non (3)- se sont d'ores et déjà inscrits aux réunions de présentation qui se tiendront d'ici la fin de l'année. La FNI espère atteindre « une masse critique » susceptible d'être prise en considération par les pouvoirs publics, notamment lors de la négociation de la convention avec l'Assurance maladie.
Une initiative désapprouvée par le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux. Dans un communiqué de presse diffusé jeudi 8 septembre, le Sniil met en garde : « Cette démarche n’émane pas de l’Etat, du Ministère, d’un organisme certificateur indépendant, ou même de l’Ordre Infirmier, pourtant seul habilité de par la Loi à vérifier si l’infirmière demandant son inscription au tableau répond aux critères officiels demandés. De plus, elle repose uniquement sur une auto-évaluation, sans vérification ni contrôle par organisme certificateur. Elle ne s’inscrit donc pas dans une démarche reconnue officiellement. »
Aveline Marques
1- Francis Picabia, Jésus-Christ Rastaquouère.
2- Cette évaluation externe sera réalisée chaque année dans les cabinets adhérents par échantillonnage (racine carrée aléatoire du nombre d'engagés).
3- Qual'Idel est ouvert à toutes les Idel, mais les adhérents FNI bénéficient d'un tarif réduit : 60 euros HT la première année (par cabinet), contre 100 euros pour les non-adhérents ; 40 euros et 60 euros les années suivantes.