© Françoise Vlaemÿnck
A l’initiative de la Coordination nationale infirmière (CNI), un hommage a été rendu hier à Martigues, près de Marseille, aux cinq soignants qui se sont suicidés cet été.
« Nous sommes réunis pour rendre hommage aux collègues décédés cet été et témoigner de notre solidarité à leur famille, avec l’exigence que toute la lumière soit faite sur ces drames et que des mesures soient prises pour que cela n’arrive plus jamais », déclare Nathalie Depoire, présidente de la CNI. Ciel gris, mines sombres et brassard noir sur leur blouse blanche, une cinquantaine d’infirmières se sont rassemblées, mercredi 14 septembre, sur la place de la mairie de Martigues, ville où se tiennent jusqu’au 16 septembre les universités d’été du syndicat. Plusieurs initiatives du même genre ont eu lieu en régions, selon la CNI, qui avait également appelé les soignants à porter un brassard noir durant leur service en signe de solidarité et à poster photos et messages sur le site du syndicat.
Après une minute de silence, plusieurs soignants se sont couchés au sol pour former un SOS géant, exprimant ainsi la détresse et la douleur de la profession. « J’ai mal aux tripes et tous les témoignages qu’on reçoit sont très lourds à porter. Il y a urgence à ce que les pouvoirs publics réagissent, des vies sont en jeu. Des vies de patients et des vies de soignants », confie Nathalie Depoire.
Cadre, « sur 3 postes » à Salon-de-Provence, Catherine a tenu à être présente ce matin. Elle témoigne aussi du mal-être soignant qu’elle ressent de plus en plus. « Aujourd’hui, les infirmières sont en perte d’identité professionnelle et de sens. L’humain disparaît peu à peu de nos hôpitaux, or cet aspect est le cœur de notre travail. Maintenant, on est dans la rentabilité, l’efficience. On parle beaucoup de qualité, de certification, mais la réalité c’est qu’on doit faire toujours plus avec toujours moins. Alors, au quotidien, on fait surtout ce qu’on peut, et le plus souvent avec beaucoup de frustration », se désole-t-elle.
« En 2012, un plan pour prévenir les risques psychosociaux a été présenté par le ministère de la Santé, l’intention était bonne mais nous en sommes en 2016 et il n’y a toujours rien de concret ! Alors, c’est bien de faire des plans mais là on ne rigole plus. Sur le terrain, c’est la détresse. Il faut des actions concrètes, notamment en terme de conditions de travail », déclare Nathalie Depoire. Pour la présidente, il faut revenir sur les causes du mal : diminution des effectifs, réduction des temps de transmission et plans d’économies drastiques qui impactent directement les salariés.
Pour l’heure, le ministère de la Santé n’a donné aucun signe de vie et la longue lettre adressée au président de la République, François Hollande, par la CNI, est restée lettre morte.
Françoise Vlaemÿnck